
Inviter son jeune à discuter de sa journée peut avoir un impact sur sa motivation scolaire. Inversement, un enfant qui aime et est motivé·e par l’école peut mener à plus de sollicitation de la part de son parent. Dans cet article, Laetitia Gendron, étudiante au baccalauréat en psychologie, vous présente les résultats d’une récente étude sur la supervision parentale et la motivation scolaire à l’adolescence.
« Comment s’est passée ta journée à l’école aujourd’hui ? » est une phrase que nous avons tous déjà probablement entendue. Lorsqu’un parent tente d’entrer en conversation avec son enfant, le parent fait preuve de sollicitation parentale. À l’adolescence, il peut parfois être difficile de rester à jour sur les activités de son enfant qui cherche à devenir plus autonome. Il est donc important de prendre le temps d’initier des conversations avec son jeune. Ce faisant, on peut en connaître plus sur ses activités et ses relations, et d’offrir de l’encadrement et du support. Cette pratique est une forme de vigilance parentale bienveillante et peut favoriser la motivation scolaire à l’adolescence.
La motivation scolaire et pourquoi c’est important
Lorsqu’on tente d’améliorer l’expérience scolaire des jeunes, un élément important à prendre en compte est leur motivation. La motivation scolaire joue un rôle dans la performance à l’école. Elle est également importante pour la persévérance et le bien-être des élèves. La motivation peut prendre trois formes principales.
On parle de motivation autonome lorsqu’un jeune veut aller à l’école parce qu’il·elle aime apprendre de nouvelles choses et éprouve du plaisir. Cette motivation peut se présenter pour plusieurs raisons. Par exemple, l’adolescent·e peut être intéressé·e par les différents sujets présentés en classe. Il·Elle peut aussi avoir intériorisé des valeurs et des objectifs qui nécessitent son engagement à l’école. La motivation autonome est liée à la réussite scolaire et à une meilleure santé mentale.
On parle plutôt de motivation contrôlée lorsqu’un·e adolescent·e se sent obligé·e d’aller à l’école et d’obtenir de bonnes notes en raison de causes externes à soi. Lorsqu’on ressent des motivations externes qui ne concordent pas avec nos propres valeurs, on peut vivre davantage d’anxiété et avoir un bien-être moins élevé. La motivation contrôlée peut survenir pour plusieurs raisons, par exemple si :
- Les parents et les enseignants prisent les bonnes notes.
- Les bonnes notes sont une façon d’obtenir un emploi.
- Obtenir de bonnes notes peut éviter de vivre de la honte ou de la culpabilité.
Finalement, on parle d’amotivation quand un·e adolescent·e ne trouve aucune raison d’aller à l’école et est totalement désengagé·e par ses études. L’amotivation est associée au désengagement scolaire et conséquemment, au décrochage.
Pour les parents, il est donc favorable d’encourager davantage la motivation autonome chez les adolescent·e·s.
Le rôle du parent
Une étude réalisée une équipe de l’UQAM s’est penchée sur le rôle du parent pour encourager la motivation autonome. Cette étude a été menée auprès de 328 jeunes et leur parent. L’étude a montré que les adolescent·e·s éprouvaient davantage de motivation autonome et moins d’amotivation lorsque leur parent initiait fréquemment des discussion avec eux·elles. Un parent qui cherche à initier des conversations avec son enfant communique son intérêt envers l’enfant. C’est aussi une occasion de déceler si son enfant manque de motivation à l’école et de parler de ses aspirations. Le parent peut aussi aider son jeune à surmonter les épreuves difficiles auxquelles il·elle fait face. Le parent peut également encourager l’enfant à faire des activités scolaires qui lui plait et à poursuivre des objectifs qui lui tiennent à cœur.
Il peut parfois être difficile d’amener son enfant à partager sur son quotidien, plus particulièrement à l’adolescence. L’adolescent·e accueille plus facilement cette sollicitation lorsqu’une confiance à déjà été développée dans la relation . Cette confiance peut être établie par le soutien à l’autonomie et une relation d’attachement sécurisante. En tant qu parent, on cherche ainsi à faire sentir à l’enfant qu’on l’écoute et qu’on s’intéresse à lui·elle. On veut également valider ses émotions et ses opinions. La sollicitation parentale peut ainsi satisfaire les sentiments d’autonomie et de compétence du jeune. Ce faisant, l’adolescent·e peut ressentir plusieurs bénéfices, dont le développement d’une motivation scolaire autonome.
Et l’adolescent·e dans tout cela ?
Lorsqu’on réfléchit à la relation parent-adolescent·e, nous avons tous tendance à penser au rôle du parent et à son influence sur l’adolescent·e. Cependant, le jeune peut aussi exercer une influence sur les comportements du parent. Dans cette étude, les auteur·trice·s ont trouvé que la motivation autonome du jeune peut faciliter la sollicitation du parent un an plus tard.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce lien. Lorsqu’un·e adolescent·e ressent de la pression pour performer à l’école ou n’aime pas l’école, il est possible que le parent évite de lui poser trop de questions sur sa journée pour ne pas soulever des émotions négatives ou des conflits. À l’inverse, lorsqu’un·e adolescent·e aime l’école et trouve ses activités scolaires importantes, il est fort probable qu’il·elle va dévoiler plus de détails sur son parcours scolaire et ses activités. Ainsi, quand son adolescent·e s’ouvre davantage, cela peut mener à des échanges agréables et pourrait encourager le parent à initier des discussions quotidiennes. Il est donc important de comprendre l’influence que le jeune peut avoir sur son parent afin de pouvoir s’adapter à lui·elle à travers son développement.
Merci beaucoup ! J’ai le souvenir d’un ado plutôt renfermé, qui n’aimait pas parler de l’école. La question “comment a été ta journée ?” était pratiquement toujours répondue par un “bien” peu convaincant. Avec des discussions ouvertes, par exemple : nomme-moi une chose que tu as aimé et une chose que tu n’as pas aimé aujourd’hui” j’arrivais à obtenir plus d’informations. Aussi, choisir le bon moment pour poser la question, surtout pour un ado hypersensible, c’était très important. Merci pour ce bel article, j’aime bien vous lire.