La vigilance parentale bienveillante à l’adolescence

La vigilance parentale bienveillante est une pratique parentale adaptée aux besoins changeants des relations entre un parent et son adolescent.e.
La vigilance parentale bienveillante est une pratique parentale adaptée aux besoins changeants des relations entre un parent et son adolescent.e.

L’adolescence est une période de changements non seulement pour l’enfant, mais aussi pour les parents. Face à ces changements, ceux-ci peuvent modifier leurs comportements pour adopter une posture de vigilance parentale bienveillante. Dans cet article, Laetitia Gendron, étudiante au baccalauréat en psychologie, et Catherine Cimon-Paquet, doctorante en psychologie, vous partagent différentes pratiques parentales qui peuvent être utilisées pour s’adapter aux besoins changeants de son adolescent.e.

Pourquoi ajuster ses pratiques parentales à l’adolescence?

Au fil du temps, le besoin d’indépendance des adolescents augmente et les amène à vouloir faire des activités et développer des relations intimes sans l’encadrement constant d’un adulte. Notamment, c’est lors de l’adolescence que la plupart des jeunes débutent leurs premières relations amoureuses. Certains jeunes commencent à consommer de l’alcool et des drogues pour la première fois. La parentalité doit donc se transformer afin de ne pas brimer ce désir d’indépendance et d’exploration, tout en maintenant certaines limites établies.

Ainsi, l’adolescence engendre nécessairement des changements dans la relation entre le parent et l’adolescent. L’encadrement du parent demeure toutefois essentiel lors de cette période critique. En effet, cet encadrement permet à l’adolescent d’explorer différents aspects de son identité et de tenter différentes expériences en ayant un sentiment de sécurité dans sa relation. Différentes pratiques parentales peuvent alors être adoptées afin de toujours offrir du soutien et maintenir une relation positive et chaleureuse, bien qu’elle soit en constante évolution.

Qu’est-ce que la supervision parentale?

En cherchant à s’émanciper, l’adolescent développe un besoin d’intimité qui peut l’amener à ne pas vouloir partager autant de sa vie avec ses parents. Toutefois, le rôle du parent est tout de même d’être là pour encadrer et répondre aux besoins de son adolescent.e.

La supervision parentale regroupe les comportements grâce auxquels un parent acquiert des informations sur les activités et les relations qu’entretient son adolescent.e. Ces pratiques parentales incluent deux formes principales qui sont fréquemment étudiées par les scientifiques : la sollicitation parentale et les règles parentales.

Les formes de supervision

La sollicitation parentale consiste à prendre le temps d’initier des discussions avec son jeune. On peut, par exemple, lui poser des questions ouvertes qui permettront au jeune de partager son vécu. On peut tout simplement poser des questions à son enfant sur le déroulement de sa journée à l’école, sur ses ami.es, sur ce qu’iel fait dans ses temps libres, etc.

Les règles parentales et les limites établies par les parents sont une autre forme d’encadrement. Tout en supportant l’autonomie de son jeune, le parent peut, par exemple, imposer un couvre-feu. Le parent peut aussi insister que son adolescent.e partage où iel va lors de ses sorties. Ces règles permettent notamment aux parents de détecter certains comportements ou certaines relations problématiques. Ainsi, le parent peut intervenir lorsqu’iel en ressent le besoin. Ce type d’intervention est une forme bienveillante de vigilance parentale.

La vigilance parentale bienveillante

La vigilance parentale bienveillante est associée à plusieurs effets positifs chez l'adolescent.e.
La vigilance parentale bienveillante est associée à plusieurs effets positifs chez l’adolescent.e.

Au cours de l’adolescence, le niveau d’encadrement donné par le parent doit être ajusté en fonction du niveau d’autonomie et de responsabilité de l’adolescent.e. Il faut donc transformer ses pratiques parentales pour soutenir l’enfant dans son émancipation. Selon le modèle de vigilance parentale bienveillante, les parents devraient augmenter leur comportements de supervision parentale particulièrement dans les cas où iels perçoivent que leur adolescent.e s’engage dans des comportements problématiques. Par exemple, si l’adolescent.e ou ses ami.es proches consomment de l’alcool ou des drogues, ou si le parent soupçonne que son jeune se désengage de l’école (p. ex., absences non-justifiées), iel pourrait établir des règles ou des limites plus strictes ainsi que d’augmenter la fréquence des discussions avec son jeune afin de mieux comprendre ses expériences.

Il est possible que les discussions entre parent et adolescent soient conflictuelles. L’adolescent.e pourrait percevoir les comportements de supervision parentale comme portant atteinte à sa vie privée. En effet, plusieurs études ont révélé que les adolescent.es accueillent positivement la supervision parentale lorsqu’iels ont déjà une relation positive et chaleureuse avec leurs parents. En ce sens, le soutien à l’autonomie contribuerait aux conséquences positives associées à la supervision parentale. Il est donc primordial que les parents prennent le temps de s’asseoir et de discuter avec leur adolescent.e, tout en adoptant une posture empathique face à leur vécu. Lorsque les parents montrent qu’iels s’intéressent à ce que leur jeunes vivent, les adolescent.es peuvent se sentir vu.es et entendu.es. Ce faisant, les parents répondent aux besoins fondamentaux d’autonomie et de connexion sociale des jeunes.

Les bénéfices de la supervision parentale

La supervision parentale est associée à une diminution des comportements à risque qui peuvent parfois se révéler à l’adolescence comme la consommation de substances et les comportements reliés à la délinquance. Elle permet aussi de réduire le risque de développer des symptômes dépressifs et anxieux. La majorité des études se sont penchées sur la supervision parentale et les comportements problématiques des jeunes. Pourtant, la sollicitation et les règles parentales peuvent également favoriser le développement positif des adolescents. En effet, certains comportements de supervision parentale peuvent augmenter l’intérêt que les jeunes portent envers l’école, leur sentiment d’efficacité et leur réussite scolaire.

Dans une étude récente, nous avons aussi montré que la relation entre la supervision parentale et la motivation scolaire est réciproque et dynamique. Ainsi, plus les parents prennent le temps de discuter avec leur jeune, plus iel montre de l’intérêt envers l’école. À l’inverse, plus les jeunes aiment l’école, plus les parents prennent le temps de discuter avec eux.elles. Il est donc important de considérer que la relation entre parent et adolescent.e est importante pour le bien-être de chacun des membres de la relation.

À propos des autrices
À propos des autrices

Laetitia Gendron est étudiante au baccalauréat en psychologie avec profil honors à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) au sein du laboratoire d’études sur les parcours scolaires et les influences sociales (LÉPSIS). 
Sa thèse d’honneur vise à observer le rôle de la passion sur le fonctionnement scolaire (notes, motivation et intentions de décrochage scolaire) des adolescents. Ses intérêts portent sur la jeunesse et les divers éléments de leur environnement favorisant leur bien-être et leur réussite scolaire.

À propos de l'autrice
À propos de l’autrice

Catherine Cimon-Paquet est candidate au doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) au sein du laboratoire d’études sur les parcours scolaires et les influences sociales (LEPSIS).

Sa thèse vise à examiner comment les comportements parentaux et les caractéristiques individuelles des enfants interagissent et prédisent les divers parcours scolaires que les jeunes empruntent. Elle s’intéresse particulièrement à la douance, à la psychologie positive et au développement humain. Elle est la fondatrice des projets Douance Science, Entropie Lab et Psychologie positive, qui visent à inspirer les gens à utiliser la science pour transformer leur vie et leur société.

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