
La violence conjugale est une problématique complexe qui affecte tous les membres de la famille. Notamment, nous savons que les enfants exposés à la violence conjugale s’adaptent moins bien et présentent plus de défis que les autres enfants, et ce, dans plusieurs sphères de leur développement. Gabrielle Myre, étudiante au doctorat, en psychologie vous présente dans cet article les différentes conséquences dans la vie des enfants qui sont exposés à la violence conjugale.
En quoi est-ce que ça consiste?
La violence conjugale réfère aux comportements physiques, psychologiques ou sexuels causant des torts ou des blessures à un des partenaires du couple par un partenaire actuel ou passé.
- La violence physique entre partenaires intimes se définit par le fait de porter atteinte à l’intégrité physique de l’autre personne, par exemple en la bousculant, la frappant ou la mordant.
- La violence sexuelle constitue tout comportement exécuté sans le consentement actif des partenaires, tel que la pénétration sans protection ou le fait de faire des gestes à caractère sexuels lorsque la personne dort.
- La violence psychologique réfère quant à elle aux actions verbales ou non-verbales ayant comme objectif de causer du tort ou d’exercer un contrôle ainsi que de la coercion sur un partenaire présent ou passé. Ce contrôle peut notamment s’exercer par la menace, l’humiliation, l’isolement ou la surveillance.
L’exposition à la violence conjugale
Le fait de vivre dans un environnement où il y de la violence conjugale est suffisant pour qu’un enfant soit considéré comme exposé à celle-ci. Au Québec, c’est environ 25% des enfants qui en sont exposés à la violence conjugale avant l’âge de 18 ans. Il est bien établi que l’exposition à ce type de violence entraine des conséquences similaires au fait de vivre directement de la violence physique ou psychologique, telle la maltraitance ou la négligence. Notamment, la violence conjugale constitue un facteur de risque pour la sécurité physique et le développement optimal de l’enfant. Elle doit donc être signalée obligatoirement à la direction de la protection de la jeunesse (DPJ) au même titre que les autres formes de maltraitance.
Si l’enfant n’est pas la victime directe de la violence, pourquoi en ressent-il·elle les conséquences ?
L’exposition à la violence conjugale peut entraîner des conséquences majeures sur le développement socio-émotionnel de l’enfant. Les parents qui vivent de la violence conjugale sont souvent moins disponibles pour répondre aux besoins de l’enfant. Ils peuvent donc présenter plus de difficultés à présenter des comportements parentaux cohérents, stables et rapides. En d’autres mots, il peut être plus difficile pour le parent, tant victime que perpétrateur de violence, de faire preuve de sensibilité parentale à l’égard de son enfant. Une méta-analyse a d’ailleurs trouvé que la violence conjugale a des effets nuisibles dès les premières années de vie de l’enfant sur la qualité du lien d’attachement qu’il développe à son parent.
De plus, les enfants exposés à un tel environnement sont plus à risque que les enfants non exposés de présenter des problèmes intériorisés, tel que de l’anxiété, du retrait, des plaintes somatiques ainsi que des symptômes dépressifs. Ces enfants présentent aussi davantage de problèmes dits extériorisés, soit des attitudes agressives, des crises de colère et d’opposition. Les troubles d’apprentissage, l’absentéisme ainsi que le décrochage scolaire sont des conséquences possibles sur le fonctionnement académique des enfants qui vivent dans un environnement où il y a de la violence.
Ces enfants sont aussi à risque de vivre des problématiques physiques plus fréquentes. Durant la petite enfance, les enfants exposés à la violence conjugale sont à risque de développer un niveau de cortisol, l’hormone associée au stress, plus élevé. Cette exposition au stress peut aussi changer le niveau de réactivité immunitaire des enfants. Ceci peut augmenter les probabilités de développer des problématiques telles que l’asthme ou des problèmes respiratoires et pulmonaires. Ces enfants peuvent aussi présenter des symptômes de trauma liés aux événements auxquels ils sont exposés. Ces symptômes peuvent inclure les cauchemars récurrents ainsi que des épisodes où la personne se replonge dans le ou les événements traumatiques, souvent à la suite de déclencheurs. Les habitudes de sommeil ainsi que les habitudes alimentaires peuvent aussi être affectées par la présence de violence conjugale dans l’environnement.
Les enfants exposés à la violence conjugale sont aussi particulièrement à risque d’être victime de maltraitance ou de négligence. De plus, ces enfants et ceux.elles victimes de la maltraitance parentale sont plus à risque de cumuler les conséquences de chacun de ces types de violence et présenter des difficultés de fonctionnement plus importantes que les enfants qui sont seulement témoins de violence conjugale. Ces difficultés sont considérées comme cumulatives, ce qui signifie que plus un enfant vit des expériences de vie adverses, plus les effets négatifs de ces expériences s’accumulent et sont à risque d’affecter son développement optimal. L’enfant est d’ailleurs plus à risque de vivre des événements violents ou aversifs dans plusieurs contextes, puisque l’enfant, son fonctionnement socio-émotionnel ainsi que son environnement complet sont des sphères de vie qui sont toutes chamboulées par l’adversité à laquelle il est exposé.

Prévenir la violence conjugale
Les adolescents et adultes qui ont vécu de l’adversité dans l’enfance sont plus à risque d’être victimes ou perpétrateur.trices de violence conjugale. De ce fait, il est important de prendre en considération les facteurs environnementaux qui fragilisent ces individus aux expériences de vie difficiles. Les interventions pour la violence conjugale doivent donc agir sur le contexte environnemental direct et indirect de l’individu, afin de favoriser un environnement exempt de violence dès l’enfance.
Les interventions pour prévenir la violence conjugale se mettent donc en place dès l’enfance, puisque les liens sociaux et les rôles genrés s’établissent durant l’enfance. De plus, les capacités de communications, de résolution de conflits ainsi que les liens sociaux positifs se forgent à l’enfance et à l’adolescence. Certaines interventions sont utiles afin d’intervenir auprès des individus, familles et enfants victimes de violence conjugale, en offrant par exemple des suivis individuels et de groupe. D’autres interventions visent à favoriser la régulation émotionnelle et les capacités de résolution de conflits des perpétrateurs de la violence.
Si vous ou l’un de vos proches êtes victimes de violence conjugale, vous pouvez contacter SOS VIOLENCE CONJUGALE 24/7 au 1 800 363-9010 ou par l’entremise du site web https://sosviolenceconjugale.ca/fr/preamble.
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