
L’Halloween est une des célébrations préférées pour bien des enfants. Certains parents se demandent cependant si cette fête n’est pas trop stressante pour les enfants. Dans cet article, Maude Roy-Vallières, doctorante en éducation à l’UQAM, discute des bénéfices de l’Halloween pour les jeunes enfants. Elle présente également quelques stratégies pour réduire le stress associé à cette fête.
Pour beaucoup de parents, la fête de l’Halloween est source d’émotions conflictuelles. L’approche de l’Halloween est pour plusieurs excitante, incluant la décoration de la maison, l’achat de déguisements ou encore la sculpture de citrouilles. Le fait de se déplacer librement en groupes d’ami.e.s dans le quartier et de réclamer des bonbons aux adultes est certainement source de joie pour une majorité d’enfants.
Malgré ces représentations généralement positives de la fête d’Halloween, celle-ci peut aussi être source de stress pour certains parents. Pour les enfants qui sont généralement plus anxieux·ses ou qui vivent certaines problématiques sur le plan du comportement, ce contexte effervescent peut créer des situations qui ne sont faciles à gérer ni par le parent ni par l’enfant. Ainsi, devrait-on encourager la participation à la fête d’Halloween?
Faire la différence entre la réalité et la fantaisie
Une inquiétude répandue chez les parents concerne le fait que l’Halloween serait « trop effrayante » pour leur enfant. Avec la montée des costumes plus réalistes et issus de films d’horreur, on peut se demander si la marche de l’Halloween n’est simplement pas trop intense pour les jeunes enfants.
Toutefois, les recherches de la Dr Woolley à l’Université du Texas montrent que les enfants, dès l’âge de 3-4 ans, sont en mesure de faire la distinction entre le réel et l’imaginaire. En ce sens, la majorité des enfants en âge de faire la tournée des maisons savent que les sorcières et les monstres qu’ils croisent dans la rue ne sont pas réels. Ainsi, ces derniers susciteront un état de peur beaucoup moins important, voire nul. Il est toutefois recommandé de surveiller les réactions de son enfant face à cette situation potentiellement effrayante. Ainsi, on peut offrir un soutien approprié au besoin. Tout comme plusieurs autres situations d’apprentissage, telles que monter dans un arbre, la fête de l’Halloween offre un riche contexte pour apprendre à contrôler ses émotions, faire preuve d’indépendance et à faire face à ses peurs.
Porter un costume : les bénéfices du jeu symbolique
Le jeu symbolique, ou jeu de « faire semblant », est l’un des contextes les plus propices aux apprentissages pour les jeunes enfants, que ce soit sur le plan physique, social, affectif, cognitif ou langagier. L’Halloween n’est pas une exception. Il s’agit effectivement d’un moment lors duquel, en toute légitimité, les enfants peuvent assumer une autre identité. Cela leur permet de développer leur créativité et la compréhension des conventions sociales en fonction du rôle choisi.
À ce sujet, la Dr Woolley de l’Université du Texas soulève qu’il pourrait être plus bénéfique pour l’imagination des enfants que leurs costumes fassent référence à des identités réelles, mais inhabituelles. Par exemple, un costume de plongée sous-marine ou d’astronaute permettrait aux enfants de développer leur créativité. Ce costume favoriserait aussi les capacités de résolution de problèmes dû au fait que le rôle est ancré dans la réalité. Les enfants devraient ainsi considérer des limites réelles qui s’appliquent au rôle (p. ex., il n’y a pas d’air dans l’espace, donc je ne peux pas enlever mon masque), leur permettant d’apprendre à gérer des contraintes au travers du faire-semblant.
De plus, les bénéfices pour le développement ne s’arrêtent pas aux enfants du préscolaire et du primaire. Comme le mentionne la Dr Gilpin de l’Université d’Alabama, l’Halloween est très stimulante sur le plan visuel pour les bébés. En effet, il y a une grande variété de formes et de couleurs. De plus, les bébés peuvent expérimenter de nouvelles textures avec leurs mains. Pour les bambins, il s’agit d’un bon moment pour développer leur sens de goût à partir de leur précieuse récolte. N’oublions pas finalement que ce contexte permet aux enfants de tous âges de développer des liens affectifs avec les gens qui les entourent, et ce, particulièrement avec leurs parents.
Réduire le stress lors des soirées d’Halloween
Malgré ces bénéfices, certains enfants vivent tout de même des difficultés qui rendent la gestion de cet évènement moins agréable. Il est toutefois possible de soulever certaines solutions qui permettront à votre famille de vivre une soirée d’Halloween amusante et adaptée :
- Si vous constatez que votre enfant a de la difficulté à différencier le réel du non réel et que cela est source de peur, l’Université du Texas suggère d’enfiler les costumes en famille et entre amis. Il serait ainsi plus facile de faire la différence entre la réalité et la fantaisie lorsqu’on est témoin de la transformation.
- De la même façon, il est possible de rappeler gentiment aux enfants que ce qu’ils·elles voient n’est pas réel, afin de les aider à faire cette distinction.
- Vous prévoyez visiter une maison hantée lors de la soirée d’Halloween? L’Université du Michigan suggère de discuter avec les enfants sur ce qu’ils·elles peuvent s’attendre lorsque vous visitez un lieu potentiellement effrayant. Il faut bien sûr garder l’élément de surprise, mais vous pouvez mentionner qu’il y aura des zombies, des fantômes et des bonbons au bout de tout ça!
- Votre enfant a une sensibilité sur le plan sensoriel? Choisissez un costume plus simple impliquant des vêtements confortables. Mentionnons également qu’il n’est pas obligatoire de porter un costume pour faire la tournée des bonbons.
- Si les interactions sociales sont difficiles pour votre enfant, planifiez votre tournée à l’avance : Choisissez un moment moins achalandé, par exemple juste après l’école ou aux heures plus tardives. Le retour à la routine après la tournée peut aussi être rassurant pour certains enfants, par exemple en respectant l’heure du coucher habituelle.
- Discutez de vos attentes avec votre enfant avant de faire la tournée. Comment devra-t-il·elle se comporter? Quelles seront les conséquences s’il·elle ne le fait pas? Y réfléchir à l’avance permet à l’enfant de mieux modeler son comportement pour respecter le contexte.
La priorité de l’Halloween: Avoir du plaisir!
N’oubliez pas que l’Halloween est censée être une fête joyeuse et plaisante. Si ce n’est pas le cas pour vous ou votre enfant, il est tout à fait acceptable de retourner à la maison pour vivre une meilleure soirée. N’hésitez pas à adapter les différents aspects pour répondre aux besoins de votre famille : longueur de la tournée, méthode de transport (à pied ou en voiture?), heure de début, complexité des costumes, etc.
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