
Durant de nombreuses décennies, on croyait que le TDAH affectait davantage les garçons. Toutefois, au début des années 2000, les recherches commençaient à indiquer qu’il y avait plusieurs biais (p. ex., sous-représentation des filles dans les recherches). Cela empêchait les filles de recevoir un diagnostic de TDAH. Depuis, le milieu clinique et scientifique a étudié davantage ces disparités. Le TDAH peut atteindre les filles à un même niveau (c.-à-d., prévalence) que les garçons si l’on fait le dépistage correctement pour ces dernières. Cet article, rédigé par le Dr Nicolás F. Narvaez Linares, psychologue pédiatrique, discute du TDAH et de ses symptômes.
Qu’est-ce que le TDAH ?
Le trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental qui se développe au travers de l’enfance due à des facteurs biologiques et/ou génétiques. Lorsque l’on diagnostique le TDAH, votre professionnel.le de la santé va déterminer la sévérité (c.-à-d., léger, moyen ou grave). Ensuite, il.elle indiquera la présentation, soit :
- inattentive prédominante
- hyperactive/impulsive prédominante
- combinée (inattentive et hyperactive/impulsive)
La présentation du TDAH est souvent mal comprise. Par exemple, si votre enfant à une présentation inattentive, ceci ne veut pas dire qu’il.elle n’a pas de symptômes hyperactifs/impulsifs. Il peut y en avoir, mais ce qui cause les difficultés est majoritairement les symptômes inattentifs. De plus, lorsque votre enfant fait une tâche mentale ardue, par exemple, il est possible qu’il y ait une apparition de comportements hyperactifs/impulsifs, voire une augmentation de la sévérité des symptômes déjà présents. Une autre information mal comprise est la présentation du TDAH tout au long du développement de l’enfant et de l’adolescent. Alors que votre enfant avait une présentation inattentive, par exemple, il est possible qu’il.elle ait une présentation combinée à l’adolescence. Le développement cérébral (p. ex., connexions neuronales), psychologique, social et émotionnel peut expliquer ce phénomène, et ce, tout au long de l’enfance, l’adolescence et jusqu’au début de l’âge adulte.
Le TDAH n’est souvent pas présent seul. En effet, près de 3 enfants sur 5 ont aussi un autre trouble mental, comportemental ou émotionnel. Chez les enfants qui ont un TDAH, on observe des problématiques au niveau du langage, de comportements oppositionnels ainsi que de l’énurésie. Chez l’adolescent.e avec un TDAH, des problématiques au niveau de leur humeur, l’anxiété et l’abus de substance peuvent apparaître. En d’autres mots, le TDAH n’est pas aussi simple que l’on croît !
Le TDAH, une affaire de gars ?
Le dépistage du TDAH chez les garçons dépasse largement celui des filles avec un ratio entre 3:1 à 16:1. Cette problématique à un impact significatif dans le dépistage du TDAH chez les filles puisqu’on ne les traite et identifie pas correctement. Cela a des effets néfastes sur leur développement social, scolaire et en santé mentale.
Depuis les deux dernières décennies, le milieu scientifique et clinique reconnaît que les filles/femmes ayant un TDAH ont une présentation qui est différente de celles des garçons/hommes. La présentation diffère au niveau des comportements observés, des symptômes et comorbidités. Par exemple, durant l’adolescence, il y a une variation plus accentuée des symptômes et de leur intensité selon le cycle menstruel. La variation d’hormones que les filles ont durant les différentes phases du cycle menstruel expliquerait ce phénomène.
Malheureusement, une grande problématique que nous avons dans le milieu scientifique est le sexisme envers les filles/femmes. La majorité des recherches scientifiques vont recourir à l’utilisation d’échantillon d’hommes pour expliquer une problématique présente chez les deux sexes. Cette problématique n’échappe pas les recherches sur le TDAH. Une autre problématique que nous avons est la présentation du TDAH. De façon générale, les filles/femmes ont tendance à recevoir un diagnostic avec une présentation prédominante inattentive. Au contraire, la présentation prédominante chez les garçons/hommes est hyperactive/impulsive. Ainsi, étant donné que leur présentation est moins encline à leur causer des problèmes de comportement à l’école, les filles tendent à passer sous le radar. De plus, puisque leurs symptômes ne dérangent pas le déroulement de la classe, ces dernières tendent à recevoir des diagnostics plus tard comparés aux garçons.
Comment identifier si ma fille à un TDAH ?
Bien que les recherches soient encore aux premiers stades pour différencier les symptômes qu’on observe chez les filles, les recherches cliniques indiquent que :
- Les symptômes de type hyperactif/impulsif tendent à être moins présents chez les filles.
- En comparaison aux garçons, les filles ont tendance à avoir un TDAH avec présentation inattentive prédominante ou une présentation combinée.
- Bien que les comportements extériorisés (p. ex., bouger sur sa chaise) puissent être présents chez les filles, ces comportements sont davantage observés chez les garçons.
- Les filles qui ont un TDAH ont tendance à rapporter une estime de soi plus faible.
- Les filles ayant un TDAH tendent à avoir plus de difficultés générales en ce qui touche leur fonctionnement intellectuel.
- Être distraite facilement, manquer d’organisation, avoir un sentiment d’impuissance et un manque de motivation et d’effort sont des comportements observés chez les filles avec un TDAH ayant une présentation inattentive prédominante.
- Les filles ayant un TDAH ont tendance à avoir plus de difficultés à réguler leurs émotions ou avoir une labilité émotionnelle (c.-à-d., changements émotionnels rapides) plus sévère que les garçons. Elles vivent aussi généralement plus de symptômes d’anxiété et ont une humeur plus basse que les garçons.
- Dû à la mauvaise compréhension du TDAH chez les filles, ces dernières tendent à recevoir des diagnostics reliés à l’anxiété ou à l’humeur, bien qu’en réalité, elles ont un TDAH ou les deux (p. ex., de l’anxiété).
Veuillez noter que l’information donnée dans cet article n’est pas une consultation psychologique. De plus, ces énoncés sont des généralités. Si vous avez des inquiétudes, veuillez en parler à votre professionnel.le de la santé. Il.elle pourra vous guider vers les bonnes ressources.