
L’isolement causé par la pandémie mondiale de la COVID-19 crée un contexte désavantageux pour le développement social des jeunes. À la suite des périodes de confinement, il peut être difficile pour certains de retourner à des interactions sociales habituelles. Dans cet article, Dre Marie-Pier Vandette, psychologue clinicienne, et Noémie Dicaire, étudiante en psychologie clinique, décrivent comment l’isolement peut affecter le développement social. Il propose aussi certaines pistes de solutions afin de bien soutenir les jeunes.
Note. Avis de non-responsabilité : Le contenu partagé dans cet article est offert à but informatif seulement.
Qu’est-ce que le développement social ?
Le développement social survient lorsque l’enfant apprend à interagir et à communiquer avec les autres et qu’il développe une compréhension de la place qu’il occupe dans la communauté. Des expériences sociales de qualité lors de l’enfance permettent de former une base solide pour les futures interactions sociales. Le développement social influence également d’autres sphères du développement de l’enfant. Par exemple, les habiletés sociales sont importantes pour le développement langagier et la capacité à résoudre des conflits.
Le développement social en contexte de pandémie
Les périodes d’isolement reliées à la pandémie de la COVID-19 inquiètent plusieurs professionnels. Nous savons que la pandémie a amplifié les problèmes de santé mentale chez les jeunes. De plus, certaines études démontrent que les fermetures et les restrictions peuvent avoir des effets négatifs sur le développement des jeunes. D’autres études suggèrent également que les comportements prosociaux, qui sont des comportements qui apportent un bénéfice à une autre personne comme aider, coopérer ou partager, sont à la baisse chez les jeunes durant cette période pandémique.
Malgré ces changements, des études ont trouvé que de maintenir une routine est bénéfique afin de contrer ces effets négatifs. Par exemple, garder de bonnes habitudes de sommeil, un niveau d’activité physique et un temps limité devant des appareils électroniques. Une relation d’attachement sécurisante contribue également à appuyer les jeunes face au stress qu’ils ressentent.
La recherche démontre que les adolescents représentent le groupe d’âge le plus affecté par l’isolement. Lors de l’adolescence, le jeune est invité à naviguer des situations sociales plus complexes et les ami(e)s occupent une place très importante dans le développement social. Il peut alors aussi être plus difficile pour les parents de remplir les besoins sociaux des adolescents dans les limites de leur environnement familial.
Le retour aux interactions sociales
Considérant ou non une anxiété liée aux interactions sociales au préalable, lorsqu’ils retournent dans des contextes sociaux, certains jeunes peuvent ressentir un certain malaise ou des symptômes d’anxiété. Les symptômes habituels peuvent être justement amplifiés par les périodes passées sans (ou moins) être exposées à d’autres personnes. Certains signaux physiques et psychologiques peuvent ainsi être observés chez les jeunes:
- Pensées négatives : par exemple, « Je ne saurai pas quoi dire aux autres lorsque je reverrai mes amis à l’école ».
- Sensations physiques particulières : maux de ventre, tensions musculaires, etc.
- Émotions difficiles : colère, honte, tristesse, etc.
- Comportements inhabituels : refuser d’aller à l’école, préférer rester à la maison plutôt que d’aller voir des amis, etc.
La résilience est un élément clé pour soutenir les jeunes durant ces périodes de transition. Ce concept implique d’être capable de se remettre de difficultés ou de changements. Des chercheurs suggèrent que les personnes résilientes apprennent à gérer de façon plus efficace les situations difficiles et les défis, ce qui les rend plus aptes à gérer le stress et les situations problématiques futures. Plusieurs facteurs peuvent influencer la résilience, c’est-à-dire, les différents traits de personnalité ou le tempérament des jeunes, les caractéristiques de leur famille et de leur environnement communautaire.
Réintégrer la socialisation de façon positive
Il est important de savoir que certains jeunes vont arriver à réintégrer le monde social plus facilement que d’autres. Il faut donc permettre la progression à chacun son rythme ! Les parents peuvent essayer plusieurs stratégies afin de soutenir le jeune dans le développement de sa résilience.
Nous vous présentons des stratégies adaptées de la ressource Growing Up Resilient: Ways to build resilience in children and youth développée par Brankin et Khanlou (2007).
- Être conscient du tempérament du jeune. Ceci permet de bien le soutenir tout en modelant et en enseignant les compétences sociales.
- Promouvoir les apprentissages. On peut prévoir des moments pour jouer avec différents jeux intéressants (par exemple, casse-tête, jeux de société). Lors de défis, on peut alors discuter afin de résoudre les problèmes qui pourraient survenir.
- Soutenir et valider les émotions du jeune. On peut encourager le jeune à parler de ses émotions. On peut aussi discuter du concept de l’empathie et des façons de la démontrer (vis-à-vis les autres et soi-même).
- Développer le concept de soi positif. On peut faire des jeux de rôle et discuter des apprentissages effectués afin de les reproduire en contextes sociaux.
- Élargir la capacité d’adaptation. Pour ce faire, on peut pratiquer la prise de décision efficace et planifier la gestion des possibles défis.
- Gérer et recadrer les pensées catastrophiques avant les interactions sociales.
- Nourrir les compétences sociales. On cherche ici à soutenir leur acquisition en discutant de l’effet de certains comportements et de la perception des autres.
- Maintenir la communication. Pour ce faire, on veut s’assurer d’avoir des moments planifiés au quotidien pour que le jeune s’engage socialement.
- Fixer des objectifs précis et réalistes.
- Permettre au jeune une intégration sociale graduelle. On peut commencer avec des interactions plus brèves. Au fur et à mesure que le jeune s’y habitue, on lui accorde des moments de plus en plus longs.
- Prioriser les situations familières. On peut commencer les interactions sociales avec des gens connus pour débuter la réintégration.
- Être soi-même amical. Les jeunes apprennent de leurs parents. Démontrer soi-même des comportements sociaux permet au jeune d’apprendre de leur modèle.
- Consulter un professionnel de la santé mentale au besoin.