Favoriser le développement du cerveau entre 0 et 5 ans

Les zones du cerveau se développent en parallèle et à une vitesse fulgurante!

Le niveau de développement du cerveau de l’enfant entre 0 et 5 ans influencera ses capacités affectives, sociales, physiques, cognitives et langagières, et ce, pour toute sa vie. Mais comment soutenir son enfant dans cette période charnière de la vie? Cet article vise à présenter les étapes de développement du cerveau et à offrir des suggestions pour favoriser ce développement entre 0 et 5 ans.

Le développement du cerveau de 0 à 5 ans

Il est mondialement reconnu que les premières années de vie sont déterminantes pour l’apprentissage et le développement des enfants. Comme le montre bien ce graphique de l’Observatoire des tout-petits, le cerveau de l’enfant n’est jamais plus sensible aux stimuli qu’entre les âges de 0 et 4 ans, particulièrement sur les plans de la numératie, de la vision et du langage.

En fait, entre 0 et 6 ans, la grosseur du cerveau de l’enfant quadruple. Dû à cet état constant de croissance, le développement des différentes aires du cerveau (auditive, visuelle, etc.) est influencé non seulement par la génétique de l’enfant, mais aussi par les expériences éducatives qui lui sont présentées. On peut comparer les enfants à un jardin : plus les fleurs ont accès à de la lumière, de l’engrais, de l’eau, meilleure sera leur croissance. À l’inverse, une fleur ayant manqué d’un de ces éléments aura beaucoup plus de difficultés à atteindre la taille des autres fleurs par la suite. Chez les enfants, des retards au niveau neurologique peuvent mener à des problèmes de comportement et d’apprentissage. Il importe donc d’offrir des stimulations qui sont adaptées au niveau de développement et aux besoins de l’enfant.

Un développement chronologique… selon différents rythmes!

Les lecteurs avertis auront toutefois remarqué que ce ne sont pas toutes les aires du cerveau qui se développent au même rythme. Alors que les fonctions cognitives associées à la numératie (habileté à utiliser les informations spatiales et quantitatives) atteignent leur sommet avant 2 ans, la capacité à contrôler les émotions vient beaucoup plus tard. On comprendra donc que l’enfant sera capable de reconnaitre et de nommer des chiffres avant de pouvoir contenir sa colère. La connaissance des étapes chronologiques du développement peut ainsi aider à soutenir le potentiel de l’enfant à tous les âges.

De 12 à 24 mois

Entre 12 et 24 mois, l’enfant découvre l’utilité du langage, particulièrement centrée sur les objets. Le poupon commence à capter et à reproduire des mots associés aux caractéristiques physiques : couleur, forme, texture, etc. Il observe l’utilisation que l’adulte fait des objets et tente de l’imiter. Il commence aussi à comprendre les relations causales, par exemple qu’un bol tombera sur le sol si on le lance d’une chaise haute et que les objets peuvent servir d’outils (amener de la nourriture à sa bouche). L’enfant commence finalement à comprendre qu’un objet peut avoir une fonction symbolique, c’est-à-dire qu’il peut représenter un autre objet (utiliser un coussin comme un chapeau). À cet âge, il importe donc de nommer clairement les objets et d’encourager l’enfant dans leur manipulation réelle ou imaginaire.

De 24 à 36 mois

Entre 2 et 3 ans, on voit l’apparition du concept de soi, c’est-à-dire du choix et de l’expression des choses que l’enfant aime ou n’aime pas. C’est aussi à ce moment qu’émergent les capacités d’autorégulation, soit l’habileté à maitriser ses pensées, comportements et émotions. Graduellement, il sera capable d’identifier les émotions qu’il ressent et de contrôler leur expression. À cet âge, ces capacités sont toutefois embryonnaires. On ne peut donc s’attendre d’un enfant qu’il soit capable d’ignorer sa tristesse ou sa colère pour agir « correctement ». On verra finalement une grande attirance vers les jeux symboliques, aussi appelés les « jeux de faire semblant ». Ceux-ci offrent l’occasion à l’enfant d’avoir un certain contrôle sur son monde, au travers de la créativité.

Pour soutenir l’enfant, il est important de lui offrir des choix et d’écouter ses préférences dans les situations quotidiennes. La participation de l’adulte dans le jeu symbolique de l’enfant est aussi très appréciée. L’enfant doit toutefois rester maitre du jeu pour qu’il soit source de satisfaction et d’apprentissages. Finalement, pour aider à la régulation des émotions, l’adulte peut mettre des mots sur les émotions qui sont vécues (tu es en colère!). Il faut aussi garder en tête qu’il est très difficile pour l’enfant de se contrôler à cet âge et laisser une certaine place pour la crise.

De 36 à 48 mois

À cet âge, le jeu symbolique prend encore plus de place chez l’enfant. Celui-ci y développera des habiletés langagières, sociales ou encore cognitives qu’il pourra réappliquer aux situations de la vraie vie. Au niveau de l’autorégulation, un enfant entre 3 et 4 ans sera plus en mesure d’exprimer ce qu’il ressent et d’en faire fi pour compléter une activité. L’adulte adapte donc graduellement ses attentes. Plus l’enfant a de mots pour nommer ses émotions, plus on lui demande de le faire. À l’aide de questions posées par l’adulte, l’enfant pourra trouver une solution à son problème malgré qu’il est triste ou en colère. L’adulte pourra aussi continuer à offrir un environnement propice au jeu symbolique (déguisements, espace, objets de toutes sortes, etc.).

8 moyens pour soutenir l’apprentissage en bas âge

Même avec des connaissances limitées sur les étapes de développement, les parents peuvent soutenir l’apprentissage de leur enfant en évitant les sources de stress, qui influencent grandement le développement du cerveau. Plusieurs conditions gagnantes peuvent être mises en place à cet effet :

  • Établir des routines prévisibles et stables;
  • Implication positive des deux parents dans la gestion des moments difficiles, par exemple lors du coucher;
  • Encourager régulièrement les habiletés de l’enfant, notamment en offrant un soutien adapté (aider à réussir sans faire à sa place) et en donnant des rétroactions positives (avec cette façon de tenir ta fourchette, tu ne laisses rien tomber!);
  • Établir un climat positif au travers des gestes et des paroles, et favoriser le plus possible les moments d’interactions parent-enfant.

Par ailleurs, peu importe l’âge, les parents peuvent miser sur ces quatre méthodes pour soutenir les apprentissages :

  1. Faire de l’étayage, c’est-à-dire aider l’enfant à faire quelque chose par lui-même en diminuant graduellement son soutien;
  2. Miser sur la motivation, en offrant des jeux et des activités selon les intérêts de l’enfant;
  3. User d’adaptation. Il ne sert à rien d’insister si un enfant ne réussit pas une tâche même avec votre soutien. Il vaut mieux ne pas le démoraliser;
  4. Favoriser l’inclusion, en offrant souvent à l’enfant de participer aux tâches de la maison (épicerie, ménage, souper), à la hauteur de ses capacités.
Maude Roy-Vallières
Maude Roy-Vallières

Maude Roy-Vallières complète un doctorat en éducation à l’Université du Québec à Montréal. Elle s’intéresse à la qualité des services éducatifs à l’enfance et plus particulièrement à la façon dont la qualité éducative diffère selon le contexte. Elle est l’auteur du livre Planification d’activités pour la Maternelle 4 ans visant à soutenir les enseignants du préscolaire dans leur pratique. 

Laisser un commentaire