Reconnaître les défis reliés à la double exceptionnalité est important pour toute la famille

Les enfants doublement exceptionnels et leurs familles relèvent des défis reliés à leurs besoins particuliers.
Les enfants doublement exceptionnels et leurs familles relèvent des défis reliés à leurs besoins particuliers.

Les familles ayant des enfants doublement exceptionnels vivent plusieurs défis. Afin de favoriser leur développement optimal, il est nécessaire de tenir compte de leurs besoins particuliers. Dans cet article, Catherine Cimon-Paquet, doctorante à l’Université du Québec à Montréal et Juliette François-Sévigny, doctorante à l’Université de Sherbrooke vous aident à mieux comprendre les enfants ayant une double exceptionnalité.

Cet article est le deuxième d’une série qui comprend également un premier article sur la douance.

Qu’est-ce que la double exceptionnalité?

La double exceptionnalité est présente lorsque l’enfant vit à la fois une douance intellectuelle, aussi appelée haut potentiel intellectuel, et une autre condition. En effet, les enfants doués peuvent avoir un trouble d’apprentissage, un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), un trouble du spectre de l’autisme ou d’autres conditions psychologiques ou physiques. La prévalence de la double exceptionnalité est difficile à établir, puisque de nombreuses personnes ne seraient pas diagnostiquées adéquatement. Toutefois, la double exceptionnalité est rare, considérant que seulement 3 à 10% des personnes ont une douance intellectuelle.

Difficultés reliées au diagnostic

Lorsque l’on suspecte une double exceptionnalité, il est très important d’obtenir une évaluation formelle en psychologie ou auprès d’un médecin spécialiste. Les personnes doublement exceptionnelles peuvent avoir recours au phénomène de camouflage, qui consiste à cacher ses difficultés grâce à son haut potentiel intellectuel. Ce mécanisme est adapté puisqu’il permet aux enfants de fonctionner en société, notamment à l’école. Par contre, cela peut rendre l’évaluation plus complexe pour les professionnels et dans certains cas, retarder l’accès aux services adaptés. Or, ces services sont essentiels, car ils favorisent un développement optimal de l’enfant.

En raison de la présence de la douance et d’une autre condition, il peut y avoir trois situations problématiques.

1) La douance est identifiée, mais elle cache l’autre condition, qui elle n’est pas identifiée. L’enfant peut être placé dans un programme particulier, mais ne reçoit pas d’accommodements ou de services qui s’avèrent nécessaires.

2) La condition est diagnostiquée, mais la douance n’est pas identifiée. L’enfant reçoit des services adaptés à sa condition, mais qui ne sont pas adaptés à sa douance.

3) Ni la douance ni la condition ne sont identifiées. Dans ce cas, l’enfant ne bénéficie d’aucun service adapté.

Ce qu’on connaît sur la double exceptionnalité

La plupart des études sur la double exceptionnalité portent sur les enfants qui vivent à la fois un haut potentiel et l’une des trois conditions suivantes : trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité, autisme et troubles d’apprentissages (dys- ; dyslexie, dysorthographie, dyscalculie). Les autres types de double exceptionnalité ont bénéficié de beaucoup moins d’attention de la part de la communauté scientifique. Toutefois, d’autres conditions, comme un handicap visuel ou de la surdité peuvent cohabiter avec la douance intellectuelle. De futures études sont nécessaires afin de mieux comprendre comment accompagner ces jeunes.

Dans tous les cas, il est important que l’enfant bénéficie d’interventions et de mesures d’accommodements en milieu scolaire afin d’adresser ses difficultés (p. ex., psychoéducation, médication, soutien technologique). Au fur et à mesure qu’il grandit et que les demandes extérieures augmentent, l’enfant peut ressentir des difficultés à s’adapter à son environnement (p. ex., école, amitiés, famille, etc.). Il est donc important que les interventions existantes soient adaptées aux différentes particularités des jeunes. Malheureusement, plusieurs interventions auprès d’enfants doublement exceptionnels sont centrées sur les difficultés. Par contre, plusieurs chercheuses ont mis l’accent sur l’importance de souligner les forces des enfants doués et d’adopter une approche orientée sur les forces.

Les défis des parents avec des enfants doublement exceptionnels

Les défis parentaux qu’occasionnent les difficultés d’adaptation, de même que les problèmes psychologiques, sociaux et comportementaux des enfants doublement exceptionnels exacerbent bien souvent le stress que leurs parents peuvent vivre quotidiennement. Considérant qu’il peut être encore difficile de concevoir qu’un enfant intellectuellement doué puisse également présenter des difficultés d’apprentissage, par exemple, les parents d’enfants doublement exceptionnels craignent souvent les préjugés de leur entourage. Non seulement ceux-ci sont souvent amenés à prendre la défense des besoins particuliers de leur enfant, et ce, que ce soit dans la sphère scolaire ou politique.

Par exemple, face à la méconnaissance de la double exceptionnalité dans certaines écoles primaires et secondaires, plusieurs parents doivent informer le personnel enseignant sur cette condition, en plus de la faire reconnaitre comme étant tout aussi légitime qu’une autre afin que des ajustements puissent être effectués. Il n’est donc pas rare qu’ils soient perçus comme étant des parents perfectionnistes, exigeants et revendicateurs.

Une triple exceptionnalité?

De plus en plus de scientifiques s’intéressent aux enfants qui se développent dans un milieu où plusieurs conditions particulières sont réunies. Un enfant doublement exceptionnel qui fait partie d’un groupe sous-représenté pourrait être considéré comme triplement exceptionnel. Par exemple, une enfant pourrait avoir une douance intellectuelle, un TDA/H, et faire partie d’une minorité visible.

Toutes ces caractéristiques ont un impact sur son expérience de vie. Il est donc important que les professionnels de la santé et de l’éducation tiennent compte de l’ensemble des caractéristiques de cette enfant, autant lorsqu’ils font une évaluation qu’un plan d’intervention.

En résumé

Les enfants doublement exceptionnels et leurs familles relèvent des défis reliés à leurs besoins particuliers. Ainsi, il est important de bénéficier d’interventions adaptées à la fois à la douance et à la condition existante. Il est primordial que les interventions soient basées sur les forces de l’enfant afin de favoriser son développement optimal.

Pour en apprendre plus sur la double exceptionnalité

Pour en apprendre davantage sur la douance et la double exceptionnalité, voici quelques ressources :

  • Le livre sur « 10 questions sur… la douance et la double exceptionnalité » par Marie-Josée Caron et collègues »
  • Le livre « La douance », rédigé par Marianne Bélanger.
  • Un article de Juliette « Doués, mais TDAH : les défis des parents d’enfants doublement exceptionnels » publié dans La Conversation
  • Un article de Catherine « La double exceptionnalité : haut potentiel intellectuel et autisme », publié dans la revue Sur Le Spectre
À propos de l'autrice
À propos de l’autrice

Catherine Cimon-Paquet est candidate au doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) au sein du laboratoire d’études sur les parcours scolaires et les influences sociales (LEPSIS).

Sa thèse vise à examiner comment les comportements parentaux et les caractéristiques individuelles des enfants interagissent et prédisent les divers parcours scolaires que les jeunes empruntent. Elle s’intéresse particulièrement à la douance, à la psychologie positive et au développement humain. Elle est la fondatrice des projets Douance Science, Entropie Lab et Psychologie positive, qui visent à inspirer les gens à utiliser la science pour transformer leur vie et leur société.

À propos des autrices
À propos des autrices

Juliette François-Sévigny complète un doctorat en psychologie de l’enfant, de l’adolescent et des parents à l’Université de Sherbrooke. Elle s’intéresse, notamment, à la réalité des parents d’enfants doués et TDAH. Par ailleurs, elle occupe le poste de coordonnatrice à la vulgarisation à Sciences, ce qui implique le rôle d’éditrice en chef de la revue de vulgarisation scientifique La Fibre.

Références

Besnoy, K. D., Swoszowski, N. C., Newman, J. L., Floyd, A., Jones, P., & Byrne, C. (2015). The advocacy experiences of parents of elementary age, twice-exceptional children. Gifted Child Quarterly, 59(2), 108-123.

Dempsey, J., Ahmed, K., Simon, A. R., Hayutin, L. G., Monteiro, S., & Dempsey, A. G. (2021). Adaptive behavior profiles of intellectually gifted children with Autism Spectrum Disorder. Journal of Developmental & Behavioral Pediatrics, 42(5), 374-379.

Foley-Nicpon, M., & Kim, J. Y. C. (2018). Identifying and providing evidence-based services for twice-exceptional students. In Handbook of giftedness in children (pp. 349-362). Springer, Cham.

Missett, T.C. (2018). Parenting a twice-exceptionnal child. In Callahan, C.M., & Hertberg-Davis, H.L. (Eds.) Fundamentals of gifted education considering multiple perspective (pp.116-124). New-York, NY: Routledge.

Wells, C. (2018). The experience of parenting stress in parents of twice-exceptional children (Doctoral dissertation, Walden University).

Laisser un commentaire