
Lors de la période 0-5 ans, les défis du sommeil font partie du quotidien de la plupart des parents. Dans cet article, Catherine Cimon-Paquet, doctorante en psychologie à l’Université du Québec à Montréal, explique comment l’âge, le tempérament des enfants et les comportements des parents jouent tous un rôle dans le développement du sommeil.
Saviez-vous que le sommeil évolue différemment d’un enfant à l’autre ? Entre 2 et 4 ans, les éveils nocturnes tendent à diminuer chez tous les enfants. Toutefois, certains enfants dormiront une nuit complète plus rapidement que d’autres. De plus, chez certains enfants, les siestes perdurent jusqu’à l’âge de 4 ans, alors que pour d’autres, elles ne sont plus nécessaires avant cet âge. Ainsi, le sommeil constitue une véritable fenêtre sur le cerveau qui se développe.
Le tempérament de l’enfant est une caractéristique qui peut affecter ces changements du sommeil. Plusieurs comportements des parents peuvent aussi favoriser l’émergence d’un sommeil de qualité, marqué par moins d’éveils. Néanmoins, les facteurs qui peuvent influencer le sommeil demeurent nombreux et mystérieux.
Le sommeil fragile des enfants plus réactifs
Tout d’abord, le tempérament de l’enfant est l’un des principaux prédicteurs du sommeil. Le tempérament inclut plusieurs traits présents dès la naissance, ancrés biologiquement, mais tout de même perméables à l’environnement. Vers l’âge de deux ans, les enfants qui réagissent plus fortement aux différentes sources de stimulation ont tendance à se réveiller plus fréquemment la nuit et par conséquent, à dormir moins longtemps. Ces enfants sont plus sensibles aux bruits et à la lumière. Ces perturbations et changements dans leur environnement peuvent causer plus facilement des éveils chez eux. Autrement dit, les enfants ayant un tempérament plus réactif ont un sommeil plus fragile durant la petite enfance.
Cependant, alors que le tempérament joue un rôle important à 2 ans, les éveils de nuit sont beaucoup moins affectés par le tempérament vers l’âge de 4 ans. Ainsi, avec l’âge, le cerveau deviendrait plus mature et permettrait aux enfants plus réactifs de dormir des nuits complètes, tout comme leurs pairs du même âge.
Les parents comme facilitateurs du sommeil
Afin de pouvoir s’endormir, tous les êtres humains doivent se sentir assez en sécurité pour se laisser aller. Ce sentiment de sécurité doit être à la fois physique et émotionnel. Ainsi, chez les jeunes enfants, les parents peuvent contribuer à ce sentiment de sécurité et jouent un rôle important dans le développement du sommeil.
Les routines de sommeil peuvent aider les enfants à s’endormir. Elles n’ont pas besoin d’être compliquées, mais il semble utile de suivre les mêmes étapes avant l’heure du dodo. Au-delà des routines, la disponibilité émotionnelle et la sensibilité des parents lors de l’endormissement seraient plus importantes que les comportements en soi (bercer, lire, chanter, etc.). Il est important de souligner que la relation parent-enfant se développe tout au long de la journée ! En ce sens, les interactions plus positives entre parents et enfants durant la journée peuvent également promouvoir un sommeil de nuit de qualité.
Le sommeil, ce mystérieux inconnu
Il est important d’essayer de faire preuve d’autocompassion en se rappelant que la majorité des parents font face à des défis similaires. Vous n’êtes jamais les seul·e·s à relever les divers défis du sommeil. Être gentil·le et indulgent·e envers soi-même est très important. Ce sont des situations difficiles autant pour les parents que pour les enfants.
Avec le temps, grâce à la maturation du cerveau des enfants, les éveils nocturnes diminueront assurément. Malgré toutes les études sur le sommeil, ce dernier reste très mystérieux. Il n’existe pas de recette miracle pour que les enfants dorment des nuits complètes sans interruption. Le temps permet au cerveau de devenir plus mature. Avec l’âge, les enfants apprennent à dormir la nuit plutôt que le jour et ce, sans se réveiller fréquemment la nuit. Les enfants grandissent à des rythmes propres à eux et il en est de même pour l’acquisition du sommeil.
Stratégies à prioriser afin de favoriser un sommeil de qualité
- Créer une routine de sommeil relaxante et constante.
- Éviter le plus possible les sources de stimulations dans l’environnement (bruits, lumières, etc.).
- Favoriser l’établissement d’une relation parent-enfant sécurisante durant les activités diurnes et rester disponibles durant la période d’endormissement.
- Se rappeler que le sommeil demeure somme toute assez mystérieux et ne dépend pas que de vous et de vos comportements.
À lire également :
- Comment gérer le manque de sommeil en tant que nouveau parent
- Le sommeil: un élément clé du développement des enfants
Si vous vous inquiétez du sommeil de votre enfant, n’hésitez pas à en discuter avec un·e professionnel·le de la santé.

À propos de l’autrice
Catherine Cimon-Paquet est candidate au doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) au sein du laboratoire d’études sur les parcours scolaires et les influences sociales (LEPSIS).
Sa thèse vise à examiner comment les comportements parentaux et les caractéristiques individuelles des enfants interagissent et prédisent les divers parcours scolaires que les jeunes empruntent. Elle s’intéresse particulièrement à la douance, à la psychologie positive et au développement humain. Elle est la fondatrice des projets Douance Science, Entropie Lab et Psychologie positive, qui visent à inspirer les gens à utiliser la science pour transformer leur vie et leur société.