L’état d’esprit peut favoriser la persévérance chez les enfants

L’état d’esprit est important pour favoriser la persévérance.

La persévérance est un facteur clé de la réussite dans plusieurs domaines. C’est elle qui pousse les individus à déployer des efforts quand les tâches sont difficiles ou qu’elles les amènent à vivre des échecs. Plusieurs facteurs peuvent influencer la persévérance. Cet article, rédigé par Émilie Ouimet, candidate à la maîtrise en éducation, expliquera l’un de ces facteurs, celui de l’état d’esprit. Elle décrira notamment son apport bénéfique dans le domaine de l’apprentissage et abordera des moyens pour les parents et les personnes enseignantes ou éducatrices d’influencer l’état d’esprit des enfants de différents groupes d’âge. 

Un peu d’histoire sur l’état d’esprit

L’état d’esprit (ou « mindset ») a été introduit par la chercheuse et psychologue américaine Carol Dweck. Ce concept est connu par son appellation anglaise : mindset. Au fil de ses recherches sur la motivation, Dweck a remarqué que devant une tâche difficile, certaines personnes avaient tendance à abandonner lorsqu’elles commettaient une erreur, alors que d’autres avaient envie de réessayer. Après ce constat, elle a cherché à comprendre pourquoi les individus avaient une attitude différente face à l’erreur. Ses études suivantes lui ont permis de constater que les personnes qui abandonnaient davantage avaient tendance à croire que leurs habiletés sont fixes. En d’autres mots, ces personnes croient que leurs habiletés ou capacités dans un domaine ne peuvent pas changer.

À titre d’exemple, une personne qui croit ne pas avoir énormément d’habiletés pour les mathématiques croira également qu’il ne sera pas possible pour elle de s’améliorer. À l’inverse, les participants qui persévéraient davantage croyaient plutôt que leurs habiletés sont malléables. Ils croient donc qu’il est toujours possible d’améliorer ses habiletés dans un domaine. C’est cette croyance envers ses propres habiletés que Dweck a définie comme l’état d’esprit. Elle en est venue à la conclusion qu’il existerait deux types d’état d’esprit : l’état d’esprit fixe (« fixed mindset ») et l’état d’esprit dynamique (« growth mindset »).  

Les conséquences sur la réussite scolaire

Les recherches portant sur l’état d’esprit qui ont suivi ont démontré que l’état d’esprit pouvait influencer, entre autres, la réussite scolaire. L’état d’esprit influence en fait principalement la réaction des gens lorsqu’ils font face à des tâches difficiles ou qui entrainent des erreurs.

Comme mentionné précédemment, les individus qui adoptent un état d’esprit fixe ont tendance à se décourager lorsqu’ils doivent accomplir une tâche difficile ou lorsqu’ils vivent un échec. Ils vont penser que le fait que c’est difficile ou qu’ils ne réussissent pas confirme leurs capacités ou incapacités dans cette tâche. Leur réaction sera donc souvent d’abandonner. Ainsi, ils ne pourront pas développer leurs habiletés et atteindre la réussite.

À l’inverse, ceux qui tendent vers un état d’esprit dynamique pensent qu’une tâche difficile permet d’apprendre et de s’améliorer. Ils auront ainsi tendance à déployer des efforts et faire preuve de persévérance, ce qui a le potentiel de leur faire atteindre la réussite. Or, durant tout le parcours scolaire, les apprenants vivront un nombre incalculable de tâches qu’ils trouveront parfois difficiles et qu’ils ne réussiront pas du premier coup. Le fait d’adopter un état d’esprit dynamique serait donc favorable à la réussite dans le contexte scolaire.  

Comment développer un état d’esprit dynamique

Pour influencer l’état d’esprit, deux moyens peuvent être considérés. Le premier est plus accessible pour des apprenants plus vieux (fin du primaire à l’âge adulte), tandis que le deuxième s’applique surtout aux plus jeunes, et ce même avant leur entrée à l’école!

1) Enseigner la neuroplasticité

Le premier moyen se nomme Enseigner la neuroplasticité. Il s’agit en fait d’expliquer aux apprenants que le cerveau humain peut toujours se modifier. Lorsque nous apprenons ou nous nous exerçons à faire une tâche, notre cerveau se développe : il crée des connexions entre ses neurones. Plus nous exécutons la tâche fréquemment, plus les connexions se renforcent et plus la tâche devient facile. Ainsi, lorsque les individus apprennent que le cerveau humain est ainsi fait, ils vont avoir tendance à adopter davantage un état d’esprit dynamique. Pour donner cet enseignement, une courte vidéo explicative offerte par le laboratoire de neuroéducation est disponible gratuitement en ligne. Celle-ci peut être présentée à des enfants dès l’âge d’environ 10 ans.

2) Fournir une rétroaction orientée vers le processus

Pour les plus jeunes, un deuxième moyen consiste à fournir une rétroaction orientée vers le processus. Les parents, éducateurs et éducatrices, enseignants et enseignantes et bien d’autres adultes entourant les enfants fournissent à ces derniers d’innombrables rétroactions quotidiennement. Pensons à un enfant qui réussit à enfiler seul son manteau à la garderie, qui montre son coloriage à grand-papa ou qui marque un but à sa partie de soccer. Les adultes présents dans l’une de ces situations vont souvent réagir à l’accomplissement de l’enfant. Pour favoriser un état d’esprit dynamique, il faudrait que ce commentaire de l’adulte porte sur le processus qui a amené l’enfant à cette réussite. Dans le dernier exemple, l’adulte pourrait dire : « Wow! Bravo! Tu as beaucoup pratiqué dans les dernières semaines et aujourd’hui tu as marqué un but! » Ceci met l’accent sur le fait que la pratique répétée mène à la réussite. D’autres exemples seraient :

« Tu as beaucoup travaillé pour y arriver! Bravo pour tes efforts! »

« Regarde comme tes efforts ont porté fruit! Félicitations! »

« Cela n’a pas toujours été facile, mais tu as persévéré! Tu dois être fier de toi! »  

À l’inverse, des rétroactions axées sur le résultat ou l’individu lui-même pourraient mener à un état d’esprit plus fixe. Par exemple, un adulte qui dit seulement : « Quel beau travail! » encourage uniquement le résultat final et un commentaire comme : « Tu es vraiment bon! » ou « Tu es championne des dictées! » met l’accent sur l’individu. Ces deux types de rétroaction favorisent un état d’esprit fixe puisque le premier laisse sous-entendre que c’est le résultat final qui compte et le deuxième confirme les capacités de l’individu. Ces rétroactions ne sont évidemment pas à proscrire, mais elles devraient être accompagnées d’un commentaire visant également le processus.

À propos de l’autrice

Émilie Ouimet est candidate à la maitrise en éducation à l’Université du Québec à Montréal et enseignante au primaire. Elle fait partie de l’équipe de recherche Qualité des contextes éducatifs de la petite enfance et du Laboratoire de recherche en neuroéducation. Elle s’intéresse à la neuroéducation et la motivation scolaire, plus particulièrement chez les jeunes enfants. Son projet de recherche vise à concevoir et valider un instrument de mesure de l’état d’esprit adapté à des enfants de 4 ans.

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