Le développement de la perception du temps chez l’enfant et les effets du TDAH

Les jeunes ayant un TDAH peuvent avoir davantage de difficulté avec leur perception du temps.

La perception du temps nous permet de vivre au rythme de notre société. Alors que cette compétence se perfectionne au fil des années, les individus ayant un TDAH peuvent rencontrer des défis à percevoir le temps. Dans cet article, Gabrielle Parent, étudiante au doctorat en psychologie clinique à l’Université d’Ottawa, aborde le développement de la perception du temps et elle suggère des pistes pour les enfants ayant un TDAH.

Qu’est-ce que la perception du temps ?

Le temps représente un aspect très important de nos expériences quotidiennes. En effet, nos activités de tous les jours sont dirigées par nos multiples responsabilités et notre horaire organisé. Il est donc nécessaire de bien planifier nos actions à travers le temps en vue de remplir nos obligations et d’accomplir à nos objectifs personnels, académiques et de carrière.

La perception du temps est la capacité de comprendre et d’estimer le passage du temps. Il s’agit également de situer nos actions dans le passé, le présent et le futur. La compréhension du temps est importante puisque toutes les expériences quotidiennes impliquent un aspect temporel. Par exemple, la capacité de comprendre le temps entre le moment présent et un examen futur permet de planifier l’étude nécessaire pour réussir cet examen. Ceci implique de prendre des décisions quant aux manières d’organiser notre temps pour y arriver. 

Le développement de la perception du temps

La perception du temps est influencée par plusieurs habiletés qui nous permettent de vivre au rythme de notre société telles que :

  • Le traitement de l’information (p. ex., comparer la durée de deux évènements)
  • La mémoire (p. ex., retenir de l’information sur le passage du temps pour en faire une référence) 
  • L’attention (p. ex., porter attention au passage du temps pour bien l’estimer)

Même si notre perception du temps continue à s’améliorer jusqu’à l’âge adulte, nous commençons dès un très jeune âge à acquérir cette compétence.  

Nourrisson (0 à 18 mois)

À ce stade précoce du développement, les nourrissons sont très limités par rapport à la perception du temps. Tout de même, à partir de 6 mois, les enfants sont en mesure de distinguer la durée des sons (p. ex., sons longs et sons courts). Cette capacité s’étend aux informations visuelles à partir de l’âge de 10 mois. De plus, la manière de vivre le passé, le présent et le futur chez les nourrissons est strictement d’ordre émotionnel. Par exemple, lorsqu’un nourrisson pleure pour signaler sa faim, il·elle comprend inconsciemment que ses actions actuelles (c’est-à-dire les pleurs) lui permettront de remplir ses besoins dans le futur (c’est-à-dire avoir de la nourriture).

Petite enfance (18 mois à 5 ans)

Durant ce stade, parallèlement au perfectionnement de leur capacité à distinguer les durées, les enfants commencent à comprendre l’ordre chronologique des évènements. De plus, l’acquisition du langage devient très importante pour aider les enfants à comprendre quand les choses se sont produites. Par exemple, en discutant de leur journée avec leurs parents, les enfants développent leur capacité à comprendre qu’un évènement s’est passé avant ou après un autre (p. ex., l’enfant sait qu’il·elle a mangé son petit-déjeuner avant d’aller à la garderie). Tout de même, à ce stade du développement, les enfants ont encore du mal à manipuler les informations temporelles passées (« hier »), présentes et futures (« demain »).

Enfance (5 à 11 ans)

À l’âge scolaire, les enfants deviennent presque aussi bons que les adultes pour distinguer les durées dans le temps. Durant ce stade, les enfants apprennent à utiliser les mesures du temps (p. ex., secondes, minutes, heures) et les calendriers. Les enfants sont capables de prendre en compte la durée et l’ordre des évènements dans le temps. La prise en considération de ces deux éléments permet d’améliorer leur perception du temps et donc leur capacité à planifier et à s’organiser. Par exemple, les enfants savent qu’il·elle·s doivent passer des examens à la fin de l’année scolaire. Il·elle·s sont en mesure de prendre en compte le temps qu’il leur reste jusqu’à l’examen (durée) pour planifier leur étude (ordre – étude avant examen).

La perception du temps et le TDAH

Le trouble du déficit de l’attention (TDAH) se caractérise par des problèmes de concentration, d’hyperactivité (p. ex., difficulté à rester assis) et d’impulsivité (p. ex., difficulté à attendre son tour). Bien que sa prévalence reste faible, il s’agit d’un des troubles neurodéveloppemental les plus diagnostiqués chez les enfants. D’ailleurs, des études démontrent que le TDAH peut avoir un impact négatif sur la mémoire et l’attention qui sont nécessaires pour une bonne perception du temps. Les enfants ayant un TDAH ont parfois du mal à estimer correctement la durée du temps écoulé. En effet, il·elle·s ont tendance à juger que le temps écoulé est plus court (p. ex., 5 minutes) qu’en réalité (p. ex., 15 minutes). Cette sous-estimation peut entrainer des problèmes dans la planification et la gestion du temps, comme des retards en classe, un manque de temps pour réaliser des travaux et donc une performance académique diminuée.

Comment puis-je aider mon enfant ayant un TDAH à développer une bonne perception du temps ?

  • Fournissez des comparaisons temporelles dès un jeune âge. Les comparaisons entre une tâche demandée et une tâche connue par l’enfant permettent de mieux comprendre la notion du temps (p. ex., prendre un bain = 20 minutes = un épisode d’une émission aimée par l’enfant).
  • Énoncez clairement vos attentes. Évitez les phrases vagues. Soyez clair quant aux attentes que vous avez pour le temps limite à la réalisation d’une tâche (p. ex., « Ta chambre doit être rangée d’ici à l’arrivée des invité·e·s » est moins clair que « Ta chambre doit être rangée d’ici à 16 h »).
  • Aidez l’enfant à estimer le temps nécessaire pour réaliser une tâche. Discutez du temps requis pour accomplir une tâche en favorisant l’autonomie de l’enfant (p. ex., « Combien de temps as-tu pris pour ranger ta chambre la dernière fois? », « Penses-tu avoir besoin de plus de temps pour ranger ta chambre aujourd’hui? »).
  • Offrez un support visuel pour marquer le passage du temps. Un support visuel montrant le temps écoulé (p. ex., minuteur, horloge numérique, alarme) permet aux enfants de percevoir concrètement le temps écoulé, diminuant la possibilité de le sous-estimer.

À propos de l’autrice

Gabrielle Parent est étudiante au doctorat en psychologie clinique à l’Université d’Ottawa. Elle complète un stage à l’hôpital Montfort en tant qu’interne à la clinique de psychologie de la santé. Elle s’intéresse principalement à l’accomplissement scolaire chez les étudiant.e.s universitaires et à leur santé mentale. Notamment, elle étudie les effets du perfectionnisme sur l’expérience des étudiant.e.s lors des grandes transitions académiques (p. ex., transition vers les études supérieures) et les impacts sur leur santé mentale.

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