Mon enfant est-il prêt pour la maternelle?

Une fillette en route vers l’école

À l’approche de la rentrée scolaire, plusieurs parents se demandent si leur enfant a tout ce qu’il faut pour la première étape de leur scolarité, la maternelle. Parmi la fébrilité des premières journées et la folie de l’achat des effets scolaires, on se demande surtout si notre enfant sera bien dans sa classe. Mon enfant devrait-il être capable de lire? Connaitre la comptine des chiffres? Sauter sur une seule jambe? Cet article vise donc à démystifier le niveau de préparation à l’école nécessaire aux enfants pour s’y intégrer sans accrocs.

Ce qui est nécessaire, ce qui ne l’est pas

Pour connaitre ce qui est attendu d’un enfant à son entrée à l’école, il est pertinent de se baser sur les programmes éducatifs qui sont implantés dans les milieux. Rappelons d’abord que les programmes éducatifs visent le développement intégré de cinq composantes :

  • La composante Physique et motrice, qui concerne la connaissance et la maitrise du corps dans l’espace, ainsi que des saines habitudes de vie;
  • La composante Affective, qui comprend la reconnaissance et l’affirmation de ses besoins et de ses préférences;
  • La composante Sociale, qui englobe l’ouverture et la collaboration avec les autres, ainsi que l’autorégulation (gestion des comportements, émotions et pensées);
  • La composante Langagière, qui regroupe les capacités d’interaction orales et les connaissances liées à l’écrit;
  • La composante Cognitive, qui fait référence à l’imagination, aux habiletés de raisonnement, ainsi qu’à l’utilisation de stratégies pour résoudre des problèmes.

On comprendra donc que les apprentissages qui seront réalisés lors des années préscolaires mobiliseront bien plus que la simple connaissance des lettres et des chiffres. À l’entrée à la maternelle, un enfant gagne donc à s’être développé dans l’ensemble de ces sphères, plutôt que de s’être concentré sur une seule.

En plus de lire des livres et de compter les marches que vous montez avec votre enfant, pensez à explorer les modules de jeu dans le parc pour développer ses compétences motrices, à jouer à des jeux de société pour développer sa conscience des règles sociales et à lui offrir des choix pour qu’il développe ses capacités affectives et son estime de soi. N’oubliez pas de prendre en compte les intérêts de votre enfant dans la planification des activités. Cela lui permettra de s’y engager plus facilement et de réaliser des apprentissages plus durables.

Les attentes des programmes éducatifs

Il peut aussi être intéressant de se pencher sur les attentes des programmes en lien avec le développement des enfants à la fin de la maternelle. Si l’on prend en exemple le programme-cycle de l’éducation préscolaire au Québec, il est attendu que les enfants à la fin de la maternelle :

  • Montrent de l’aisance dans l’utilisation de leur corps et de leurs membres, tout en adaptant leurs actions au contexte (espace disponible, contraintes, etc.);
  • Aient une bonne connaissance de leurs besoins, intérêts, forces et faiblesses, soient capables de les exprimer tout en étant ouverts à relever des défis adaptés. Avec de l’aide, l’enfant réussit à gérer ses émotions;
  • Participent activement à la vie de groupe et adaptent leur comportement en fonction des attentes sociales des situations (attendre son tour, parler moins fort, partager, etc.). Avec de l’aide, l’enfant est capable de régler des conflits avec les autres;
  • Soient intéressés par la lecture et l’écriture et en mesure de s’exprimer oralement pour nommer leurs besoins, mais aussi pour raconter, expliquer et questionner. L’enfant est capable de repérer des sons et connait le nom et le son de la plupart des lettres de l’alphabet;
  • Fassent preuve de curiosité et utilise leur raisonnement et des stratégies diversifiées (questionner, expliquer, faire des liens, etc.) pour comprendre le monde, résoudre des problèmes et atteindre les buts qu’ils se fixent. L’enfant est en mesure de parler de ses démarches et de ses réalisations.

Il s’agit effectivement de compétences plutôt générales, mais qui offriront une base solide sur laquelle les apprentissages ultérieurs pourront s’établir. Sachez toutefois qu’il est tout à fait normal que votre enfant de 3, 4 ou 5 ans ne les maitrise pas encore toutes.

Des difficultés communes

L’âge de 0 à 5 ans étant une période de la vie extrêmement propice au développement du cerveau et du corps, il ne faut pas se surprendre du rythme d’apprentissage extrêmement élevé des enfants. Ce qu’ils sont capables de faire maintenant n’a rien à voir avec ce qu’ils feront dans un an. Voici quelques points de repère en lien avec le stade de développement habituel des enfants à 4 ans, que vous pouvez comparer aux exigences de fin de maternelle exposées précédemment :

  • Sur le plan physique et moteur, l’enfant peut éprouver de la difficulté à se tenir en équilibre sur une jambe, à descendre les escaliers en alternant les pieds, à tenir un crayon entre ses doigts ou encore à tenir une bonne posture assise;
  • Sur le plan affectif, il est plus difficile pour l’enfant d’exprimer ses émotions avec des mots et de perdre lors des jeux de société. Il lui est presque impossible de se concentrer sur une tâche lorsqu’il est en colère ou très émotif;
  • Sur le plan social, l’enfant commence à s’intéresser à ses pairs, mais peut encore avoir tendance à jouer de façon parallèle, c’est-à-dire sans inclure les autres dans son jeu, et éprouver de la difficulté à attendre son tour ou à partager;
  • Sur le plan langagier, l’enfant doit développer son vocabulaire pour exprimer ses besoins et ses intérêts. Il peut démontrer peu d’intérêt envers la littérature jeunesse ou l’écriture de son prénom s’il n’en a pas encore compris l’utilité;
  • Sur le plan cognitif, l’enfant développe graduellement sa persévérance, mais éprouve encore de la difficulté à accomplir une tâche complexe (ex. casse-tête) sans soutien et à trouver des stratégies pour surmonter des obstacles à ses buts (ex. une tour en blocs qui ne tient pas). Ses capacités d’attention sont aussi plutôt basses, particulièrement dans le cadre d’activités qui ne stimulent pas ses sens (éléments visuels, auditifs, physiques, etc.)

Chaque enfant possède son propre rythme de développement, ainsi que ses forces et défis uniques. À la maternelle, l’enseignant.e proposera des activités permettant de soutenir le développement global des enfants. Pour préparer votre enfant, assurez-vous qu’il ait vécu des expériences lui permettant de travailler ses compétences physiques, affectives, sociales, langagières et cognitives.

L’autonomie, au cœur des apprentissages

Pour conclure, n’oubliez pas la réalité des classes d’éducation préscolaire. Si vous pouvez vous occuper deux ou trois enfants à la fois à la maison, rappelez-vous que les enseignant.e.s en ont près de 20 à gérer en même temps. Les capacités d’autonomie de l’enfant lui seront donc d’une grande aide pour réaliser les activités et s’engager dans la vie de classe. Voici quelques exemples d’habiletés utiles à pratiquer avant l’entrée à la maternelle :

  • Remonter sa fermeture éclair ou boutonner son manteau;
  • Mettre les souliers dans le bon pied;
  • Ouvrir et refermer sa boite à lunch, ainsi que les plats, sacs ou thermos à l’intérieur;
  • Aller seul à la toilette;
  • Se laver les mains;
  • Monter et descendre les escaliers;
  • Exprimer oralement ses besoins.
Maude Roy-Vallières
Maude Roy-Vallières

Maude Roy-Vallières complète un doctorat en éducation à l’Université du Québec à Montréal. Elle s’intéresse à la qualité des services éducatifs à l’enfance et plus particulièrement à la façon dont la qualité éducative diffère selon le contexte. Elle est l’auteur du livre Planification d’activités pour la Maternelle 4 ans visant à soutenir les enseignants du préscolaire dans leur pratique. 

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