La motivation scolaire et la perception de soi des élèves en difficulté d’apprentissage 

Une mère et son enfant sont devant un mirroir
La perception de soi influence la motivation scolaire des élèves en difficulté.

La motivation scolaire repose sur plusieurs sources qui sont parfois directement liées à l’enfant et d’autres fois liées à son environnement. Dans cet article, Raphaëlle Dufour, doctorante en éducation à l’Université du Québec à Rimouski, choisit de s’intéresser à la perception de soi des élèves en difficulté d’apprentissage. Il s’agit d’un groupe chez qui la motivation scolaire est particulièrement fragile.  

La motivation scolaire

Les recherches qui concernent la motivation scolaire sont nombreuses tant au Québec qu’ailleurs dans le monde. Il faut dire que le décrochage scolaire, qui est directement lié à un manque de motivation scolaire, est un fléau qui entraîne des coûts importants pour toute la société. Des sommes importantes sont notamment investies afin de lutter contre cette problématique. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs chercheur·euse·s se soient penché·e·s sur le sujet.

Au Québec, le nom de Rolland Viau est associé à la motivation scolaire depuis plus de 20 ans. Ses recherches nous ont entre autres permis de mieux comprendre les sources de motivation des enfants d’âge scolaire. Voici un schéma basé sur les écrits de Viau qui illustre en partie la motivation scolaire :

Ainsi, la motivation scolaire se fonde sur les trois sources interreliées que sont :

  • La perception de soi
  • La valeur accordée à l’école
  • La perception de contrôle

La perception de soi, c’est l’image que l’enfant a de lui-même et de ses capacités à réussir. La valeur accordée à l’école est liée à l’importance que l’éducation revêt pour l’enfant. La perception de contrôle touche le sentiment de contrôle que l’enfant croit exercer sur les tâches scolaires qu’il a à accomplir.

Sans amoindrir l’importance que revêt chacune des trois sources, le reste de l’article se concentre sur le lien direct entre la perception de soi et la motivation scolaire chez les élèves en difficulté d’apprentissage. Il s’agit des élèves les plus à risque d’être démotivés et, ultimement, de décrocher.

Le décrochage scolaire et les élèves en difficulté d’apprentissage

Les élèves en difficulté d’apprentissage semblent plus vulnérables lorsqu’il est question de la motivation scolaire. En effet, plusieurs études démontrent qu’ils obtiennent de moins bons résultats en ce qui a trait à la motivation. Plus encore, ces résultats proviennent des déclarations d’élèves eux-mêmes.

Aussi, il faut dire que les élèves ayant des besoins particuliers (dont font partie les élèves en difficulté d’apprentissage) représentent, selon un rapport gouvernemental, 53,6% des décrocheur·euse·s alors qu’ils ne sont que 26,4% du nombre total d’élèves. Cela est très préoccupant. Afin de mieux visualiser l’ampleur de cette situation, voici deux graphiques l’illustrant :

La perception de soi et la motivation scolaire des élèves en difficulté d’apprentissage

Dans une étude portant sur la motivation scolaire d’élèves en difficulté d’apprentissage, il est ressorti que la perception qu’ils ont d’eux-mêmes est plus faible que celle des autres élèves. Cela pourrait expliquer partiellement la plus faible motivation scolaire dont ils font preuve.

En effet, selon plusieurs recherches, il semblerait que les élèves aux besoins particuliers se comparent négativement aux autres, ce qui contribue à une faible perception de soi. Par ailleurs, selon Viau, le vécu scolaire de l’élève, dont peut faire partie l’échec, peut amener l’apprenant à douter de ses capacités. Les difficultés rencontrées par ces élèves contribuent donc également à forger une perception de soi plus négative. Cette dévalorisation influence par la suite négativement la motivation scolaire puisque la perception de soi est une source de la motivation. Les élèves en difficulté d’apprentissage peuvent être moins motivés par leurs tâches scolaires puisqu’ils croient moins en leur capacité de réaliser ces tâches.

La nature des difficultés influence la perception de soi

Par ailleurs, la nature des difficultés que rencontre l’élève affecterait différemment sa perception de soi. Une étude a comparé la perception de soi d’élèves qui présenteraient des difficultés en français avec des élèves qui présenteraient plutôt des difficultés en mathématiques ainsi qu’avec des élèves qui présenteraient des difficultés dans ces deux matières scolaires. Il est intéressant de mentionner que les élèves en difficulté d’apprentissage en français présenteraient une perception de soi plus faible que les deux autres catégories.

Quoi qu’il en soit, il paraît donc important d’agir afin de favoriser la motivation scolaire des élèves en difficulté d’apprentissage. Mais comment le faire en tant que parents?

Le rôle des parents dans la construction de la perception de soi

En tant que parent, vous faites partie des facteurs externes à l’enfant qui jouent un rôle sur l’image qu’il se construit quant à sa valeur à titre d’apprenant et même à titre d’individu. Ainsi, voici quelques pistes d’action visant à favoriser une perception de soi positive chez votre enfant :

  • Souligner les efforts et non seulement les réussites, car elles peuvent être moins nombreuses chez les enfants en difficulté.
  • Faire prendre conscience à votre enfant des progrès réalisés.
  • Éviter de comparer votre enfant avec un autre enfant, parce que l’enfant pourrait par la suite se dévaloriser en se comparant à quelqu’un qu’il considère supérieur.
  • Écouter votre enfant lorsqu’il vous fait part d’un manque de confiance en ses capacités et reformuler ses propos pour mettre de l’avant ses forces.
  • Faire avec votre enfant une activité qu’il aime et pour lequel il se sent bon.
  • Encourager le développement de son autonomie en lui confiant des responsabilités.
  • Rappeler à votre enfant, aussi souvent que vous le pouvez, que vous êtes fier·ère de lui.

À propos de l’autrice

Raphaëlle Dufour est étudiante au doctorat en éducation et chargée de cours à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Elle exerce également à titre d’orthopédagogue dans une clinique privée multidisciplinaire. Dans sa pratique auprès des enfants ainsi que dans le cadre de son mémoire de maîtrise, elle s’intéresse à la motivation scolaire, particulièrement celle des élèves du primaire en situation de difficulté d’apprentissage.  

Site web : CRIFPE – Membres

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