Les 3 E pour aborder les changements climatiques avec les enfants

Une jeune fille manifeste à une manifestation pour le climat.
Il est important d’aborder le sujet des changements climatiques avec les enfants et les jeunes.

Le sujet des changements climatiques revient fréquemment depuis les derniers mois, notamment à cause du nombre d’évènements météorologiques extrêmes. Les enfants sont de plus en plus exposés à cette réalité. Comment peut-on les supporter face à ce sujet qui peut être inquiétant ? Cet article décrit la méthode des 3 E pour aboarder le sujet des changements climatiques avec les enfants. Il a été co-rédigé par Steve Lorteau, étudiant au doctorat en droi à l’Université de Toronto, Audrey-Ann Deneault, chercheuse postdoctorale à l’Université de Calgary, Jean-François Bureau, professeur à l’Université d’Ottawa et Nicole Racine, professeure adjointe à l’Université d’Ottawa.

Note. Cet article est une traduction de la version originale publiée sur le site de The Conversation Canada.

L’importance d’aborder le sujet des changements climatiques

Les feux de forêt au Canada au cours des derniers mois sont un rappel brutal des conséquences considérables des changements climatiques.  

Les enfants, en particulier ceux qui souffrent d’asthme, sont confrontés à des risques de santé accrus en raison de la fumée des feux de forêt. Dans certaines régions, les inquiétudes concernant la baisse de la qualité de l’air ont mené à la fermeture des écoles et à l’annulation d’activités parascolaires. Des vidéos inquiétantes de villes enfumées se sont propagées sur les réseaux sociaux.  

Avec l’intensification des changements climatiques, les feux de forêt, ainsi que les inondations, les sécheresses et les températures extrêmes seront de plus en plus fréquents.  

En tant que chercheur·se·s en droit climatique et en psychologie, nous pensons qu’il est essentiel que les parents et éducateur·trice·s envisagent d’aborder le sujet des changements climatiques avec les enfants et adolescent·e·s.

Un héritage néfaste pour les générations futures

Tous les États membres des Nations unies, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et plus de 99 % des climatologues reconnaissent que les activités humaines sont à l’origine des changements climatiques.  

Avec l’intensification des changements climatiques, les générations futures hériteront d’une planète profondément modifiée. Elles vivront sur une planète où la qualité de l’air sera moins bonne, où le risque de maladies comme la maladie de Lyme sera plus élevé et où une myriade d’autres conditions médicales néfastes deviendront plus fréquentes.  

Compte tenu de leurs effets drastiques, les changements climatiques peuvent susciter de l’anxiété face à l’avenir. Une récente étude mondiale a révélé que 84 % des jeunes de 16 à 25 ans se disaient au moins modérément inquiets face aux changements climatiques. Au Canada, plus de 78 % des jeunes ont déclaré que les changements climatiques avaient eu un impact sur leur santé mentale.  

Les enfants qui ressentent de tels sentiments d’anxiété sont plus susceptibles de se sentir déprimés, tristes et moins motivés dans leur vie.

Les enfants et les jeunes sont inquiets faces aux changements climatiques

Comme les générations plus jeunes sont susceptibles de subir les effets les plus graves des changements climatiques, elles doivent également faire partie de la solution. Heureusement, des jeunes ont déjà ouvert la voie.

Ceci est important car les enfants concernés par les effets des changements climatiques peuvent inspirer des comportements pro-environnementaux en eux-mêmes et chez les autres.

De jeunes activistes, dont Anjali Sharma de l’Australie, Sophia Mathur du Canada, Luisa Neubauer de l’Allemagne, Greta Thunberg de la Suède et Xiuhtezcatl Martinez des États-Unis, ont mené des actions en justice pour inciter les gouvernements à accélérer les efforts de lutte contre les changements climatiques.

Ces recours juridiques témoignent des préoccupations croissantes concernant les effets des changements climatiques sur la génération Z et les générations futures.

Nous devons discuter du changement climatique avec les enfants et les jeunes

Étant donné que les enfants et les adolescent·e·s subissent les conséquences des changements climatiques et sont appelés à jouer un rôle clé dans l’atténuation de ses effets, il est important d’engager des discussions sur les changements climatiques avec eux·elles, même lorsque c’est difficile.  

Les parents peuvent avoir différentes raisons de ne pas parler des changements climatiques avec leurs enfants. Certains peuvent trouver difficile d’expliquer les faits techniques de la science du climat, en particulier aux jeunes enfants. D’autres peuvent vouloir intuitivement protéger leurs enfants des effets inquiétants des changements climatiques, évitant ainsi le sujet.  

Malgré ces préoccupations, il est important d’avoir des discussions ouvertes et honnêtes avec les enfants sur les changements climatiques.  

Les changements climatiques ont des conséquences majeures sur notre monde, suscitant des conversations dans les salles de classe et sur les médias sociaux. Il est important que les parents se joignent à ces discussions afin d’inculquer des valeurs et de créer un espace ouvert pour que les enfants puissent discuter de leurs pensées et sentiments sur les changements climatiques.  

Parfois, il faut avoir des conversations honnêtes sur les défis à venir. Dans d’autres cas, il faut plutôt apporter du réconfort et de rassurer les enfants sur l’avenir.

Les trois E pour aborder les changements climatiques

Lorsque vous réfléchissez à la manière de discuter des changements climatiques avec les enfants et adolescent·e·s, n’oubliez pas les trois « E » : Engager, Éduquer et Encourager la prise d’action. Cette méthode peut aider les parents à inculquer l’espoir et la résilience à la prochaine génération.

1. Engager

Vous pouvez engager vos enfants en discutant avec eux. L’UNICEF conseille d’entamer des discussions sur la compréhension qu’ont les enfants du changement climatique et sur leurs sentiments à son égard. Les récents feux de forêt illustrent bien la façon dont le changement climatique affecte notre vie quotidienne.

Ces conversations permettent aux parents d’approfondir les espoirs et les craintes de leurs enfants concernant les changements à notre environnement. Elles permettent également d’explorer nos valeurs et nos obligations morales.

En participant activement à ces conversations, les adultes peuvent acquérir des connaissances précieuses et élargir leurs propres connaissances en même temps que celles de leurs enfants.

L’Australian Psychological Society propose un guide sur des sujets de conversation adaptés à l’âge des enfants.

Par exemple, avec de jeunes enfants, vous pouvez discuter de l’impact de petits gestes comme la réduction des déchets et le respect de l’environnement. Avec les enfants d’âge scolaire, vous pouvez commencer à explorer les bases des changements climatiques. Avec les préadolescent·e·s et adolescent·e·s, vous pouvez parler de l’action climatique et de la manière dont nous devrions réagir aux changements climatiques.

2. Éduquer

Le changement climatique est souvent un sujet de confusion et de division. Pour éviter de perpétuer ces effets sur les générations futures, il est important de s’appuyer sur des sources fiables.

Le rapport 2023 du GIEC à l’intention des décideurs politiques offre un résumé accessible des dernières données scientifiques sur le climat. La NASA propose également des ressources adaptées aux enfants qui expliquent la science des changements climatiques. Climate Kids propose des jeux et des quiz pour les enfants d’âge scolaire. De nombreux livres ont également été publiés sur le changement climatique à l’intention des enfants d’âge scolaire, des préadolescent·e·s et des étudiant·e·s du secondaire.

L’éducation pratique, comme prendre une marche dans les espaces verts, peut offrir une occasion inestimable de réfléchir à la façon dont les changements climatiques ont modifié et continueront de modifier notre environnement.

Pour guider cette réflexion, le Prairie Climate Centre propose un atlas des effets climatiques à travers le Canada pour aider à comprendre les effets directs des changements climatiques sur notre environnement.

3. Encourager la prise d’action

La première étape pour donner à vos enfants les moyens d’agir pour l’avenir est de les aider à prendre des mesures en faveur de l’environnement. Cela peut commencer à la maison, par exemple en prenant des douches plus courtes, en réduisant le gaspillage alimentaire ou en économisant l’électricité. Cela peut également se faire en les impliquant dans les décisions familiales qui utilisent une optique respectueuse du climat pour discuter de sujets tels que les projets de vacances familiales et les cadeaux.

Les jeunes peuvent également former des communautés par l’intermédiaire d’organisations environnementales locales et mondiales. Certaines organisations s’engagent dans des actions locales telles que la création et l’entretien de jardins communautaires.

Les parents peuvent aussi encourager la prochaine génération à poursuivre des carrières dans les secteurs de l’économie verte, notamment les énergies renouvelables, la sylviculture et l’urbanisme.

La santé et le bien-être de nos enfants et de notre planète dépendent de l’action climatique. Il incombe aux adultes présents dans la vie des enfants d’encourager les discussions pour que cet effort soit possible.

À propos des auteur·trice·s

Steve Lorteau est étudiant dans le programme de doctorat en droit à l’Université de Toronto. Il détient une maîtrise en droit de l’Université de Toronto et est membre du Barreau de l’Ontario. Ses recherches s’intéressent au droit des changements climatiques et au droit du logement.

Dre Audrey-Ann Deneault est une chercheuse en psychologie se spécialisant dans l’étude des familles et des relations interpersonnelles en contexte. Elle détient un doctorat en psychologie expérimentale de l’Université d’Ottawa. Elle est présentement chercheuse postdoctorale à l’Université de Calgary. Ses recherches sont financées par la Bourse Banting. Audrey-Ann est également la fondatrice d’ÉducoFamille.

Dr Jean-François Bureau est professeur titulaire à l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa. Il s’intéresse aux manifestations comportementales et représentationnelles de l’attachement chez les enfants d’âge préscolaire et scolaire ainsi que chez les adolescents et leur influence sur le développement socio-affectif et cognitif. Sa recherche porte aussi sur les précurseurs génétiques et environnementaux des comportements d’attachement.

Dre Nicole Racine est professeure adjointe à l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa et chercheuse à l’Institut de recherche CHEO. Elle détient la Chaire de CHEO en santé mentale des enfants et des adolescents. Son programme de recherche examine l’impact de l’adversité maternelle et de l’adversité à l’enfance sur la santé mentale, le bien-être et les facteurs de risque et de protection. Elle s’intéresse aux stratégies de prévention et d’intervention qui brisent les cycles de risque d’une génération à l’autre.

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