L’importance du jeu actif extérieur pour les jeunes enfants

Des enfants jouent dehors dans une cour d'école.
Le jeu extérieur est important pour le développement des enfants. © Marie-Pier Smith (tous droits réservés)

Pour l’enfant, le jeu est au centre de ses préoccupations. Il a donc envie d’y consacrer la plus grande partie de son temps tout en étant actif. Regroupant ainsi ces deux concepts, qu’en est-il plus spécifiquement du jeu actif ayant lieu à l’extérieur? Le jeu actif extérieur chez les tout-petits est un levier intéressant à exploiter leur permettant de bouger tout en s’amusant, et ce, même en contexte de classe. Dans cet article, Camille Robitaille et Marie-Pier Smith, respectivement étudiantes au doctorat et à la maitrise en éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières, parlent de l’importance du jeu actif extérieur à la maternelle et elles présentent des pistes utiles pour les familles.

Pourquoi le jeu actif extérieur est-il important ?

Premièrement, le jeu actif extérieur est un moyen naturel et plaisant de favoriser l’activité physique. Chez les tout-petits, on recommande environ 180 minutes d’activité physique au cours d’une journée, dont au moins 60 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée. Le nombre de minutes et l’intensité sont importants pour soutenir un mode de vie sain ainsi qu’une meilleure réussite éducative (ex. : avoir bougé aide à mieux fonctionner à l’école).

Deuxièmement, le jeu actif extérieur est idéal pour soutenir le développement moteur de l’enfant, c’est-à-dire l’organisation et le contrôle des muscles volontaires. Par exemple, le jeu actif extérieur permet de développer la coordination, l’équilibre, la locomotion (ex. : marcher à reculons), la motricité globale (ensemble du corps) et la motricité fine (ex. : attacher les souliers).

Troisièmement, le jeu actif extérieur est important puisqu’il soutient la prise de risque par les tout-petits. Faisant partie intégrante du jeu et de l’apprentissage, la prise de risque soutient l’aventure et l’exploration de l’environnement. Ainsi, en prenant des risques dans son jeu, l’enfant est amené à :

  • Prendre conscience de ses propres limites.
  • Initier par lui-même de nombreuses décisions.
  • Reconnaitre par lui-même les dangers réels présents dans une situation.

Voici un exemple de prise de risque qui est bénéfique pour le développement. Un enfant dans la cour d’école décide de grimper dans le module de jeu de style « araignée ». Pour ce faire, il doit d’abord prendre conscience de ses capacités musculaires. Il doit aussi organiser ses mouvements en fonction de la forme du module, et ce, avant de faire une première tentative. Cette réflexion lui permettra ensuite de décider si la situation représente un réel danger pour lui ou non.

Pourquoi le jeu actif extérieur est-il présent au quotidien à la maternelle ?

© Marie-Pier Smith (tous droits réservés)

Sur une base quotidienne, plusieurs enseignantes de maternelle font vivre aux enfants des expériences variées dans un contexte de jeu actif extérieur, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, sachant que le développement moteur s’améliore avec le temps et la pratique, il devient intéressant d’y accorder une place spécifique dans l’horaire de la journée. Le temps et la pratique sont effectivement deux ingrédients incontournables pour que le jeune enfant parvienne plus tard à faire des sports ou des jeux plus spécialisés. Par exemple, il faut maîtriser la marche avant de pouvoir développer la course. Il faut ensuite maîtriser la course avant de pouvoir développer des habiletés utiles à un sport (ex. : soccer, natation, vélo, patins à roues alignées). Ainsi, il est essentiel de créer des occasions dès la maternelle pour soutenir le développement moteur des enfants.

De plus, passer du temps à l’extérieur à l’école offre une variété d’opportunités d’apprentissage. Entre autres, le jeu actif extérieur permet à l’enfant de tester ses capacités physiques, de développer des comportements d’autoprotection et d’apprendre à réaliser des ajustements moteurs en fonction des obstacles rencontrés. D’ailleurs, l’environnement extérieur est un contexte idéal pour procurer à l’enfant un sentiment de liberté et de pouvoir sur ses mouvements puisqu’il n’impose pas de contraintes spatiales ou physiques. Par exemple, l’enfant peut courir de longues distances sans être contraint par des murs, ce qui serait le cas à l’intérieur.

Pistes pour soutenir le jeu actif extérieur de mon enfant fréquentant la maternelle

Dans la classe de maternelle, on soutient beaucoup apprentissages qui sont également travaillés à la maison par les familles (ex. : la gestion des émotions, l’exploration des lettres). Les enfants d’âge préscolaire ont effectivement besoin d’apprendre de façon intégrée durant cette période de leur vie. Les apprentissages entourant le développement moteur sont eux aussi possibles tant à la maison qu’à l’école. Ainsi, lorsque vous avez connaissance que l’enseignante de maternelle de votre enfant met de l’avant le jeu actif extérieur dans sa classe, il est possible et recommandé de poser des actions pour soutenir cette initiative si importante dans le développement de votre tout-petit.

Voici 10 pistes qui peuvent vous aider à appuyer le travail de l’enseignante à propos du jeu actif extérieur et qui peuvent être utiles également à la maison :

Croire foncièrement au potentiel du jeu actif extérieur comme levier pour soutenir le développement des tout-petits.Fournir à votre enfant des vêtements adaptés aux environnements de jeu extérieur et à la météo (ex. : bottes de pluie pour les surfaces boueuses, manteau imperméable pour les journées pluvieuses, ensemble de vêtements intérieurs de rechange).
Se documenter ou questionner l’enseignante si vous avez besoin d’informations ou d’être rassuré·e·s à propos du jeu actif et de la prise de risque dans le jeu.Éviter d’accorder de l’importance aux inconvénients occasionnés parfois par le jeu actif extérieur (ex. : vêtements souillés) pour plutôt accorder de l’importance aux bénéfices pour le développement de votre enfant. 
Proposer des idées pour nourrir le jeu actif extérieur de votre enfant ou pour bonifier l’environnement extérieur de sa classe/école :
– En apportant des matériaux naturels (ex. : des morceaux de bois pour faire des cabanes).
– En apportant des matériaux artificiels (ex. : des ustensiles de cuisine pour jouer dans le sable, des vêtements usagés pour protéger de la boue ou de l’eau).
Éviter d’inculquer une conception auprès de votre enfant selon laquelle le jeu risqué extérieur est automatiquement associé à des blessures ou à de la peur. Mettre plutôt de l’avant les bénéfices de la prise de risque pour le développement de votre enfant.
Participer à des périodes de jeu actif extérieur à l’école afin de :
– Solidifier des relations (enseignante, enfant…).
– Constater les bénéfices directs sur le développement de votre enfant.
– Être un joueur modèle promouvant le jeu et l’activité physique. 
Faire preuve de compréhension et de bienveillance auprès de votre enfant et de l’enseignante si un accident survient lors d’une période de jeu actif extérieur en gardant en tête qu’une intention pédagogique était sous-jacente à l’activité et qu’une blessure n’est jamais souhaitée.
Accompagner le groupe de votre enfant lors d’expéditions hors de la cour d’école (ex. : en forêt).Reproduire à la maison des pratiques associées au jeu actif extérieur qui ont été valorisées en classe (ex. : faire une expédition en forêt la fin de semaine, aller visiter un nouveau parc un soir de semaine, s’intéresser aux éléments de la nature).

En conclusion

Pour conclure, le jeu actif extérieur est un contexte idéal pour soutenir pleinement le développement des tout-petits en procurant des bénéfices multiples et variés. C’est d’ailleurs pourquoi les enseignantes de la maternelle accordent de l’importance à ce type de jeu dans leur horaire. Les familles peuvent agir pour valoriser la pratique du jeu actif extérieur de plusieurs façons. Cela peut s’accompagner de certaines insécurités tout à fait légitimes, mais le soutien au plein potentiel de chaque enfant est trop important pour se priver de la richesse que procure le jeu actif extérieur.

À propos des autrices

Camille Robitaille est étudiante au doctorat en éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Elle détient une maitrise en fondements et environnements de l’éducation ainsi qu’un baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale. Ses intérêts de recherche portent principalement sur la collaboration école-famille-communauté, l’éducation préscolaire et les enfants présentant des besoins considérés particuliers. Elle fait partie de l’équipe de recherche RÉPI (Réussite éducative et pédagogie inclusive). 

Marie-Pier Smith est enseignante à l’éducation préscolaire. Elle est également étudiante à la maitrise en éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Ses intérêts de recherche portent sur le développement moteur, la motricité globale ainsi que le jeu actif à l’extérieur. Plus précisément, son projet de recherche porte sur les rôles des enseignant.e.s à l’éducation préscolaire visant à soutenir la motricité globale des enfants dans un contexte de jeu extérieur. Elle participe à la formation initiale des enseignant·e·s à titre de chargée de cours et en offrant des conférences.

Laisser un commentaire