
Dans nos vies chargées, nous passons beaucoup de temps à penser à l’avenir, plutôt que d’être dans le moment présent. Qu’il s’agisse de planifier quoi acheter lors de notre prochaine visite à l’épicerie ou quel jour prendre un rendez-vous chez le dentiste, notre capacité à penser et à planifier pour le futur est extrêmement importante au quotidien. Qu’en est-il pour les enfants? Dans ce premier article d’une série de deux, Bronwyn O’Brien, doctorante en psychologie clinique à l’Université d’Ottawa, explique l’importance de la pensée future pour le développement cognitif des enfants.
Au quotidien, les enfants et adultes doivent penser à l’avenir
La pensée future, ou notre habileté à penser à l’avenir, se rapporte à notre capacité à nous projeter dans le futur. Par exemple, on peut s’imaginer le goût de la pizza qu’on mangera ce soir, ou imaginer à quel point on aura froid en promenant le chien cet après-midi. La pensée future joue un rôle important pour nos comportements dans le moment présent. Par exemple, si je pense avoir froid lors de ma marche cet après-midi, je peux choisir de mettre un manteau plus chaud dans le moment présent.
La pensée future est vitale pour notre capacité à se contrôler et notre capacité de gratification retardée. La gratification retardée réfère à notre capacité de résister à une récompense immédiate, mais petite, afin de recevoir une récompense plus grande, mais à un moment plus tard dans l’avenir.
Nous vivons tout plein d’exemples de gratification retardée au quotidien. Imaginez par exemple que vous faites un régime. Il faut alors résister à un dessert dans l’immédiat afin d’obtenir la récompense plus tard d’atteindre les objectifs du régime. Pour donner un autre exemple, imaginez que vous économisez pour un voyage en Europe. Vous allez peut-être devoir résister à la tentation d’acheter un nouveau jeu vidéo afin d’économiser assez pour le voyage.
Chez les enfants, on étudie la gratification retardée avec le célèbre test de la guimauve. Dans le cadre de ce test, les enfants ont le choix de manger une guimauve immédiatement, ou d’attendre pour avoir deux guimauves plus tard. Les enfants qui choisissent d’attendre la plus grosse récompense (deux guimauves) démontrent une meilleure capacité de gratification retardée.
Les enfants qui choisissent d’attendre une plus grosse récompense font preuve d’autorégulation. L’autorégulation est la capacité de contrôler nos impulsions, nos émotions et nos désirs afin d’atteindre un objectif. Par exemple, on fait preuve d’autorégulation en choisissant de manger une carotte au lieu d’un gâteau si on est régime. On en fait aussi preuve résistant à l’envie d’exprimer de la frustration lors d’une réunion de travail difficile.
Le rôle de la pensée future dans l’autorégulation et la gratification retardée
Pour plusieurs d’entre nous, il est plus difficile de résister aux tentations pendant la pandémie de la COVID-19 que d’habitude. C’est également le cas pour les enfants. Des études récentes ont montré qu’il est plus difficile de réguler ses comportements lors de périodes où l’avenir est plus incertain. Il est donc important de comprendre comment notre capacité à penser à l’avenir est liée à l’autorégulation afin d’établir de possibles stratégies pour aider les enfants à réguler leurs comportements et leurs pensées.
Les enfants commencent à penser au futur et à planifier pour le futur entre l’âge de 3 et 5 ans. Par exemple, les enfants préscolaires développent la capacité d’anticiper les états physiologiques futurs (comme la faim et la soif) et d’agir dans le présent pour satisfaire ces besoins futurs.
Cette capacité de pensée future permet aux enfants de faire de l’autorégulation et de la gratification différée.
Une étude américaine récente s’est intéressée au lien entre ces concepts auprès d’enfants âgés de 9 à 14 ans. La moitié des enfants ont d’abord été invités à décrire des situations qui leur arriveraient dans le futur. Par exemple, certains ont décrit aller au parc ou faire du vélo en détail. L’autre moitié des enfants n’a pas fait cette tâche.
Ensuite, tous les enfants ont fait un test de gratification différée. Dans ce test, les enfants choisissaient entre deux options. Ils pouvaient obtenir une petite somme d’argent immédiatement ou une plus grande somme d’argent dans un avenir lointain.
Les chercheurs ont constaté que les enfants qui avaient fait la tâche de pensée future étaient davantage prêts à attendre pour recevoir une plus grande somme d’argent dans le futur. Ces enfants ont ainsi démontré de meilleures capacités d’autorégulation et de gratification retardée.
Ainsi, afin de s’autoréguler, il est utile de pouvoir se projeter dans le futur. Sinon, il peut être difficile d’attendre pour une plus grosse récompense. Comment pouvons-nous soutenir le développement de l’autorégulation et de la gratification retardée chez les enfants? La réponse dans le deuxième article de cette série!
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