Que faire lorsque notre enfant est intimidé?

L'intimidation peut entraîner plusieurs conséquences négatives pour les enfants. Il existe plusieurs stratégies pour appuyer un enfant qui se fait intimider.
L’intimidation peut entraîner plusieurs conséquences négatives pour les enfants. Il existe plusieurs stratégies pour appuyer un enfant qui se fait intimider.

L’intimidation est un phénomène malheureusement répandu chez les enfants. Pour un parent, il peut être difficile de voir que son enfant se fait intimider, ou qu’il intimide les autres. Dans cette série d’articles, les membres du Laboratoire de recherche en méthodologie développementale de l’Université d’Ottawa proposent des stratégies pour les parents quant à l’intimidation. Dans ce premier article, ils décrivent ce qu’on peut faire en tant que parent lorsque notre enfant se fait intimider.

Qu’est-ce que l’intimidation et quelles sont ses conséquences?

Il peut être très inquiétant de découvrir que son enfant se fait intimider par ses pairs, ou de voir des conséquences directes de cette intimidation. L’intimidation est un phénomène malheureusement commun dans les écoles et en ligne. Selon Statistiques Canada, environ 1 enfant sur 3 est victime d’intimidation. L’intimidation est définie comme “un comportement agressif intentionnel et répété, associé à une intention négative, qui est utilisé par un enfant pour maintenir son pouvoir sur un autre enfant“. Les gestes blessants peuvent être de nature physique (p.ex., frapper, donner des coups de poing), verbale (p.ex., insulter, menacer), ou émotionnelle (p.ex., exclure l’enfant). Ces gestes peuvent être posés en présence de l’enfant ou dans son dos.

L’intimidation peut avoir des conséquences graves pour les enfants. Par exemple, les enfants intimidés peuvent démontrer:

  • Des signes de détresse ou d’anxiété ou des changements d’humeur,
  • Des biens endommagés ou des blessures corporelles,
  • Une diminution de la performance scolaire,
  • De l’évitement ou du refus d’aller à l’école,
  • Des problèmes de sommeil,
  • Une diminution de l’estime de soi.

Comment appuyer un enfant qui vit de l’intimidation

Dès la reconnaissance de ces signes ou le partage d’une situation d’intimidation, il y a plusieurs stratégies que les parents peuvent mettre en place afin de s’assurer que l’enfant se sente à l’aise d’en discuter avec eux et qu’il ou qu’elle soit en mesure de réagir de façon appropriée.

1 – Créer un espace sain de discussion

Tout d’abord, la recherche démontre qu’il est primordial de créer un environnement propice à la discussion pour son enfant. Cet environnement est important pour que l’enfant se sente à l’aise de parler à ses parents si jamais il se fait intimider.

Afin d’établir ce type d’environnement sain, les chercheurs Norton & Duke (2021) suggèrent aux parents de:

  • Promouvoir la notion que tout le monde est respecté à la maison et peut partager ses expériences et ses points de vue.
  • Parler des émotions (négatives et positives) ouvertement et sans jugement.
  • Être à l’écoute des besoins de l’enfant et prendre le temps d’entendre ce qu’il ou qu’elle dit.
  • Être patient avec l’enfant.
  • Éviter de forcer les enfants à tout partager.
  • Poser des questions à son enfant et faire des suivis pour voir comment les choses se passent.

Selon une étude de Lester et collègues (2017), le fait de partager avec ses parents qu’on se fait intimider est un facteur protecteur contre l’intimidation. Les enfants qui partagent ainsi avec leurs parents sont moins stressés, deviennent plus résilients et ont une meilleure chance d’éviter l’intimidation future.

Ainsi, avoir des conversations avec son enfant ouvre la porte à une collaboration parent-enfant afin de trouver des solutions concrètes pour adresser des situations d’intimidation (Divecha, 2019).

2 – Enseigner des stratégies d’adaptation

Les parents sont des agents de changement importants dans la vie des enfants et sont en mesure d’enseigner des stratégies à leurs enfants qui peuvent les aider dans plusieurs sphères de leur vie.

Avant de discuter de stratégies concrètes, il est important de rappeler à l’enfant:

  • Qu’il n’est pas le problème,
  • Qu’il n’est pas seul,
  • Que les situations changent,
  • Qu’il est capable de mettre en place des stratégies.

En générant des solutions potentielles avec son enfant, il faut aussi garder en tête:

  • Un esprit collaboratif: c’est-à-dire travailler en équipe pour trouver des méthodes pouvant aider l’enfant.
  • La sensibilité, la chaleur et l’empathie comme cela peut être difficile pour un enfant de refléter sur ses expériences d’intimidation et de générer des solutions.
  • Gérer ses propres émotions: cette conversation est aussi délicate pour le parent, mais il est important de gérer les émotions comme réagir fortement par colère et l’impulsivité afin de trouver des solutions constructives et non agressives.

Afin de soutenir l’enfant et de lui redonner le contrôle de la situation, il est important de commencer en demandant à l’enfant ce qu’il veut faire par rapport à la situation. Par la suite, les parents peuvent utiliser ses idées comme début d’un plan d’action et trouver des stratégies qui conviennent à l’enfant pour faire face à l’intimidation. Il peut être très utile de pratiquer ces techniques avec des jeux de rôles parent-enfant.

Exemples de stratégies à proposer à son enfant

Voici quelques exemples de stratégies qui ont montrées une utilité dans la recherche:

StratégiesExplication/exemple
Le silence (O’Moore & Minton, 2004)Éviter l’intimidateur lorsque possible (p. ex., tourner le dos quand il arrive).  

L’ignorer (p. ex., ne pas lui répondre et faire semblant qu’on ne l’entend pas).
L’humour (O’Moore & Minton, 2004)Générer des blagues ou des réponses amusantes que l’enfant peut utiliser quand il se fait intimider.  
Rire de la situation ou faire semblant de ne pas être dérangé par l’intimidateur.
L’affirmation de soi non agressive (O’Moore & Minton, 2004)Utiliser des signes corporels d’affirmation (p. ex., se tenir droit, parler fort et de manière claire et sévère, maintenir le contact avec les yeux).  

Dire à l’intimidateur: (1) d’arrêter, (2) que ce qu’il ou elle dit ne nous intéresse pas et (3) que ses commentaires ne nous affectent pas.  

Dire à l’intimidateur qu’on aime les caractéristiques que l’intimidateur critique (p. ex., moi je l’aime bien mon nez).
Parler à un adulteEncourager son enfant à parler à un adulte quand il ou elle vit de l’intimidation.  

Enseigner la différence entre essayer de mettre quelqu’un dans le trouble vs. parler à son enseignant.e pour se protéger de quelqu’un.
Chercher du soutien social (Lester et al., 2017; Pepler & Craig, 2000)Encourager l’enfant à s’entourer d’autres jeunes et de chercher de l’aide de ses pairs.  

Encourager des relations d’amitiés positives et constructives dans toutes les sphères de vie de l’enfant.
Se concentrer sur le positif (Lester et al., 2017)Aider l’enfant à trouver le positif par rapport à soi-même et dans son environnement, sans minimiser la situation d’intimidation.

Il existe aussi plusieurs stratégies que les parents peuvent mettre en place à la maison:

Augmentation de l’estime de soi (O’Moore & Minton, 2004)Démontrer de l’amour et du respect pour l’enfant.

Encourager l’enfant et le soutenir à la maison.  

Inclure l’enfant dans des décisions à la maison et lui donner certaines responsabilités appropriées pour son âge.  

Apprécier les forces et les efforts de l’enfant et en faire l’éloge de manière non exagérée.  
Enseigner des habiletés émotionnelles et interpersonnelles (Healy et al., 2015)Encourager des conversations à propos des émotions à la maison.

Parler des dynamiques relationnelles :  comment gérer des conflits, comment comprendre la perspective des autres, la résolution de problèmes, comment répondre à l’agression des autres, etc.

Appuyer la régulation émotionnelle : comment ne pas être réactif face à certaines situations, techniques de relaxation. 

Enseigner des habiletés sociales : comment former des amitiés et bien jouer avec les autres.
L’informer par rapport à l’internet (Cassidy et al., 2012)Surveiller son utilisation et avoir des discussions ouvertes sur comment se protéger sur l’internet.
À propos des autrices
À propos des autrices

Fanny-Alexandra Guimond est professeure adjointe à l’Université d’Ottawa et psychologue auprès des enfants, des adolescents et de la famille. Elle s’intéresse principalement au rôle des parents, des pairs et du milieu scolaire dans la prévention de difficultés intériorisées chez les enfants.

À propos des autrices
À propos des autrices

Olivia Gardam est étudiante au doctorat en psychologie clinique à l’Université d’Ottawa. Sa recherche vise à en apprendre davantage sur le rôle de pratiques parentales aidantes sur l’image corporelle de jeunes enfants.

À propos des autrices
À propos des autrices

Lojain Hamwi est assistante de recherche à l’Université d’Ottawa. Ses intérêts de recherche portent sur la façon dont les parents soutiennent le développement cognitif et socio-émotionnel des enfants.

À propos des autrices
À propos des autrices

Simran Brar est étudiante et assistante de recherche à l’Université d’Ottawa. Elle complète son baccalauréat en psychologie et les sciences de la vie. 

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