En tant que nouveau parent, il est possible que vous vous sentiez anxieux, dépassé, et en manque de ressources pour vous aider à affronter cette nouvelle étape de vie. Il est possible que vous viviez de la fatigue de compassion. Ce phénomène est grandement répertorié chez les professionnels de la santé depuis plusieurs années, et plus récemment identifié chez les parents. Cet article, rédigé par Sarah-Maude Jean, étudiante au doctorat clinique en psychologie à l’Université Laval, définit la fatigue de compassion et aborde des trucs et astuces pour prévenir et atténuer les symptômes de celle-ci.
Qu’est-ce que la fatigue de compassion?
La fatigue de compassion est généralement perçue comme une conséquence négative de la prise en charge d’une ou des personnes dans le besoin. Chez les professionnels de la santé, cette fatigue de compassion survient due à un déséquilibre entre la charge de travail et les ressources de la personne. À la longue, le stress vécu de manière constante vient entraver les capacités de la personne à prodiguer des soins. La personne se retrouve ainsi dans un état de fatigue physique, mentale et émotionnelle pouvant mener à des symptômes anxieux et dépressifs.
Chez le nouveau parent, la charge mentale associée aux nouvelles obligations et responsabilités qu’accompagne la venue d’un enfant peut s’avérer plus importante que les ressources personnelles, mais aussi environnementales qu’il possède. Les ressources personnelles comprennent la confiance en soi et la perception de compétence, entre autres. Les ressources environnementales renvoient entre autres aux ressources financières et au support familial et communautaire. Face à ce déséquilibre, il est possible qu’un parent souffre de fatigue de compassion.
Certains facteurs peuvent augmenter les risques de vivre de la fatigue de compassion. Avoir un enfant ayant des besoins particuliers, vivre avec un coparent présentant des symptômes anxieux, et la présence de trauma chez l’enfant ou chez le parent en sont de bons exemples.
Les manifestations de la fatigue de compassion
Les symptômes accompagnant la fatigue de compassion sont nombreux et peu spécifiques. Voici une liste non exhaustive des symptômes que vous pourriez ressentir si vous viviez de la fatigue de compassion en lien avec votre rôle parental :
- Un manque de plaisir à réaliser les activités parentales quotidiennes;
- Ressentir de l’irritabilité et/ou de l’impatience dans des situations dans lesquelles vous ne ressentiriez pas cette émotion habituellement;
- De la colère et de l’apathie par rapport aux tâches familiales et parentales;
- Le sentiment d’être dépassé par les tâches parentales;
- Une diminution de votre engagement envers votre partenaire et/ou vos enfants;
- L’apparition de symptômes physiques comme des maux de tête plus fréquents, des problèmes intestinaux, de l’hypertension;
- Ressentir une grande pression par rapport à chaque petite décision prise pour votre enfant;
- Ressentir le besoin de s’isoler ou préférer être en retrait des autres.
Trucs et astuces pour les parents
Il est possible de prévenir ou encore d’atténuer les symptômes de la fatigue de compassion, si celle-ci se présente. Voici quelques actions que vous pourriez mettre en place dans votre quotidien:
- Prenez un moment pour reconnaitre ce que vous vivez, dans un état de non-jugement et d’autocompassion;
- Pratiquez des techniques de pleine conscience comme le yoga, la méditation assistée, la respiration;
- Dédiez un moment de la semaine à une activité qui vous fait du bien (sport, plein air, art, etc.);
- Vous n’êtes pas seuls! Participez à des groupes de discussion (en ligne ou en personne) pour les nouveaux parents. Vous pourrez ainsi partager vos expériences, apprendre de l’expérience des autres, et briser le sentiment d’isolement;
- Appuyez-vous sur votre réseau et ne craignez pas de demander de l’aide, même pour des choses qui vous paraissent banales;
- Tentez de vous ouvrir à votre entourage sur comment vous vous sentez réellement. Une communication ouverte avec son partenaire et son entourage sont la clé pour diminuer le fardeau que vous ressentez;
- Consultez un professionnel. Cela peut être utile au niveau individuel, mais aussi en consultation familiale.
À propos de l’autrice
Sarah-Maude Jean est une étudiante au doctorat en psychologie clinique à l’Université Laval. Elle s’intéresse aux relations et dynamiques familiales, au développement de l’enfant et de l’adolescent, ainsi qu’à la prévention de l’abus et de la négligence. Sa thèse de recherche doctorale se concentre sur les effets de la pandémie de COVID-19 sur les adolescents en protection de la jeunesse.