L’exercice physique pour le TDAH

Plusieurs parents considèrent l’activité physique comme une stratégie pour soutenir leur enfant ou adolescent·e qui rapporte des symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité. Cet article, rédigé par Marie-Pierre Daigle, doctorante à l’Université d’Ottawa, explique l’effet de l’exercice physique sur le cerveau chez les enfants et les adolescent·e·s rapportant des symptômes d’inattention et d’hyperactivité.Plusieurs parents considèrent l’activité physique comme une stratégie pour soutenir leur enfant ou adolescent·e qui rapporte des symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité. Cet article vous propose de comprendre l’effet de l’exercice physique sur le cerveau chez les enfants et les adolescent·e·s rapportant des symptômes d’inattention et d’hyperactivité. Il aborde également l’intensité, la fréquence et les types d’exercices recommandés selon la science.

Que se passe-t-il au niveau de la chimie du cerveau quand on a un TDAH ?

Le cerveau contient des milliards de messagers qui transmettent de l’information d’une partie du cerveau à une autre pour qu’on puisse s’adapter à notre environnement. Chez les enfants et les adolescent·e·s avec des difficultés d’attention et/ou d’hyperactivité, il y a un déséquilibre au niveau de certains de ces messagers. Ces messagers, soit la dopamine et la norépinéphrine, ne sont pas assez nombreux pour effectuer le travail. Puisqu’il y a trop de messages à transmettre pour le nombre de messagers disponibles, ces derniers n’arrivent pas toujours à effectuer leur travail comme ils l’aimeraient. Cela affecte entre autres une partie du cerveau qu’on appelle le cortex préfrontal. Celui-ci est situé derrière le front et gère les fonctions exécutives. Entre autres, les fonctions exécutives affectent la capacité d’une personne à s’organiser, à planifier et à contrôler ses comportements.

Les médicaments sont une piste de traitement souvent recommandée pour aider à rééquilibrer ce déséquilibre chimique. L’exercice physique est une stratégie qui utilise le même mécanisme pour régler ce déséquilibre en créant également plus de dopamine et de norépinéphrine. Ainsi, l’exercice physique peut être bénéfique pour les enfants et les adolescent·e·s qui ne prennent pas de médicaments, pour ceux·celles qui en prennent et aussi pour ceux·celles qui ont des symptômes, mais pas de diagnostic ! Il peut aussi être bénéfique pour les enfants et les adolescent·e·s qui ont des symptômes de dépression et d’anxiété. Ces symptômes sont communs chez les enfants et adolescent·e·s avec un TDAH.

L’exercice, mais encore : recommandations sur l’intensité, la fréquence et le type d’exercice

L’intensité de l’entraînement

Ici, on se demande si l’intensité d’un exercice physique (intensité légère, modérée ou vigoureuse) est importante dans la diminution des symptômes de TDAH et à quel point (petit, modéré ou grand effet). Des exemples d’exercices physiques d’intensité modérée incluent la marche, une lente promenade à vélo ou du ménage. Des exercices d’intensité vigoureuse incluent le jogging, faire du vélo rapidement et faire des longueurs.

L’exercice à intensité modérée ou vigoureuse aurait un impact modéré sur les symptômes de TDAH. De plus, un exercice d’intensité moyenne aurait un plus grand effet qu’un exercice d’intensité légère ou vigoureuse. En particulier, un exercice d’intensité modérée à vigoureuse aurait un grand effet sur une meilleure gestion des compétences motrices (capacité à coordonner ses mouvements) et un effet modéré sur une meilleure gestion des fonctions exécutives. En d’autres mots, pas besoin d’y aller à l’extrême pour que ça aide, mais il faut quand même garder un bon rythme.

La fréquence de l’entraînement

En termes de fréquence, on veut savoir si un exercice pratiqué de façon sporadique (p. ex., une fois ici et là) ou de façon régulière (p. ex., deux-trois fois par semaine durant plusieurs semaines) a un effet (petit, modéré ou grand effet) sur la diminution des symptômes de TDAH.

L’exercice pratiqué de façon régulière aurait un grand effet bénéfique sur les fonctions exécutives. L’exercice pratiqué de façon sporadique pendant 10-20 minutes aurait un effet petit à modéré sur l’attention et certaines fonctions exécutives. Un exercice sporadique de 15 à 30 minutes d’intensité modérée à vigoureuse aurait également un petit effet positif sur les fonctions exécutives. En d’autres mots, si votre enfant ou votre adolescent·e peut pratiquer un exercice physique qu’il·elle aime plusieurs fois par semaine, ça pourrait beaucoup l’aider. Néanmoins, puisque l’exercice pratiqué de façon sporadique a tout de même un petit-moyen impact sur les fonctions cognitives comparativement à une absence d’exercice, faire de l’exercice physique de temps en temps est aussi bon pour eux!  

Le type d’exercice

Ici, on se demande si un certain type d’exercice (exercice purement physique ou exercice qui requiert des ressources physiques et cognitives) aurait un effet différent (petit, modéré ou grand effet) sur la diminution des symptômes de TDAH. Comme décrit plus bas, les résultats diffèrent d’une étude à une autre. 

Dans une étude où on évaluait l’effet des entraînements réguliers (2-3 fois par semaine) de longue durée (50 minutes) chez des personnes médicamentées avec un TDAH, on a conclu que la course et le multisport seraient des types d’exercices aérobiques qui auraient le plus d’effet. Pour un exercice sporadique, courir, faire du trampoline, du exergaming (jeux vidéo ou en réalité virtuelle qui exigent de l’exercice physique) ou d’autres tâches requérant de la coordination aurait des effets bénéfiques sur la cognition. Cependant, d’autres chercheur·e·s ont conclu que les exercices qui incluaient un aspect cognitif (p. ex., jeu de ballon) et les exercices qui ne comportaient qu’un aspect physique (p. ex., natation, saut) avaient tous les deux un effet bénéfique modéré à grand sur les fonctions exécutives. Il semblerait donc que d’autres facteurs pourraient affecter l’effet d’un certain type d’exercice physique.

Ces recommandations sont fondées sur ce qui a été étudié chez les enfants et les adolescent·e·s rapportant des symptômes d’inattention et d’hyperactivité. Alors qu’elles peuvent être utilisées pour guider la façon dont on approche la pratique de l’exercice physique chez les enfants et les adolescent·e·s, il est important qu’elles ne deviennent pas une source de stress sur la « bonne façon » de faire les choses. Il importe de se rappeler que le plaisir associé à l’activité et la motivation à répéter l’activité peuvent être aussi importants que l’activité elle-même. Faire une activité physique organisée à prix réduit est souvent possible par l’entremise de subventions offertes par sa municipalité.

Marie-Pierre Daigle
Marie-Pierre Daigle

À propos de l’autrice

Marie-Pierre Daigle est doctorante en psychologie clinique à l’Université d’Ottawa et chercheuse au Laboratoire de recherche sur le couple. Elle se spécialise sur le dévoilement de l’orientation sexuelle aux parents chez les femmes qui aiment les femmes. Marie-Pierre a également mené un projet de recherche d’envergure sur les besoins en santé mentale des étudiant·e·s en psychologie. Elle est récipiendaire de la Bourse d’études supérieures du Canada Joseph-Armand Bombardier du Conseil de recherches en sciences humaines.

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