Besoins particuliers à la maternelle : l’importance de la collaboration école-famille

La collaboration école-famille est importante pour le développement de l’enfant.

Entretenir une relation positive avec l’école n’est pas toujours facile. Il arrive fréquemment, à un moment ou à un autre du parcours scolaire de l’enfant, que des situations conflictuelles surviennent entre l’école et les parents. Ces situations sont d’autant plus délicates lorsqu’il est question d’enfants présentant des besoins considérés particuliers (ex. : l’enfant a des défis langagiers, l’enfant a des défis quant à la gestion de ses émotions). Dans cet article, Camille Robitaille, étudiante au doctorat en éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières, aborde la collaboration école-famille à la maternelle 4 ans au Québec lorsque des enfants présentent des besoins qui sont considérés particuliers.

Qu’est-ce que la collaboration école-famille?

La collaboration école-famille réfère à l’interaction entre le milieu scolaire et le milieu familial. Au sein de cette collaboration, ces deux milieux cherchent à travailler ensemble pour des buts communs.

La collaboration avec l’école peut se faire de différentes façons. Par exemple, on peut collaborer par des actions, telles que la présence des parents à l’école et la réponse rapide aux courriels de l’école. La collaboration peut aussi se faire au niveau des attitudes, par exemple en ayant une vision positive de l’école et en étant en accord avec des valeurs véhiculées par l’école.

Collaborer avec l’école, pourquoi est-ce important?

Faire équipe avec l’école dans une optique de collaboration est très important, et ce, tout au long du parcours scolaire de l’enfant. Cette collaboration peut avoir une influence positive sur les résultats, la motivation et les aspirations scolaires du jeune. Elle peut également procurer des bénéfices en ce qui concerne le bienêtre, l’autonomie et l’estime personnelle de l’enfant.  

La collaboration école-famille est cruciale à l’âge préscolaire (autour de 4 à 6 ans). En effet, elle aide les adultes à mieux connaitre le jeune enfant. Ce faisant, il devient possible pour les adultes de privilégier des interventions qui sont plus efficaces et mieux adaptées aux besoins développementaux de l’enfant. Il y a aussi des bénéfices notables pour ceux qui fréquentent la maternelle et qui présentent des besoins considérés particuliers. Notamment, une collaboration positive pour ces enfants :

  • Facilite la gestion des situations complexes
  • Aide à mieux définir les rôles et les attentes de chacun des milieux
  • Assure une meilleure cohérence des interventions
  • Nourrit une vision unifiée des besoins de l’enfant

Ainsi, cette collaboration permet d’atténuer certaines tensions et d’éviter des frustrations pouvant nuire à l’enfant.

Somme toute, la collaboration école-famille joue un rôle incontournable pour faciliter le processus d’inclusion en milieu scolaire des enfants présentant des besoins considérés particuliers. En plus d’être bénéfique pour les enfants, une collaboration école-famille de qualité est aussi gagnante pour les parents. Notamment, elle peut participer à briser l’isolement ainsi qu’à augmenter le sentiment d’efficacité personnelle et la satisfaction dans le rôle parental.  

Il est donc nécessaire de travailler à surmonter les défis associés à la collaboration avec l’école, et ce, pour le bien de l’enfant. En effet, même s’il y a parfois des mécontentements, des craintes ou des malentendus, il est gagnant de tenter de dépasser ces obstacles. Voyons maintenant certaines pistes qui peuvent être utiles pour les parents à cette fin. 

Comment s’y prendre pour collaborer avec l’école?

Il existe de nombreuses façons d’entretenir une collaboration positive avec l’école. Pour ce faire, il est gagnant de recourir à plusieurs moyens simultanément. Voici des suggestions provenant d’un projet de recherche mené auprès de membres du personnel scolaire de la maternelle 4 ans ainsi que de parents d’enfants présentant des besoins considérés particuliers. Ces suggestions peuvent éclairer les parents sur deux avenues : des actions gagnantes à poser et des attitudes gagnantes à privilégier.

Des actions gagnantes à poser  

Les parents peuvent entre autres poser les quatre actions suivantes pour favoriser une collaboration avec l’école :

  1. Initier les communications avec l’école. Les parents peuvent contacter l’école pour parler d’interventions ou de besoins particuliers de l’enfant lorsqu’une nécessité se fait sentir à la maison. En étant les premiers à communiquer avec l’école pour leur faire part de leurs observations sur l’enfant, les parents s’assurent d’être rapidement entendus.
  2. Participer aux activités organisées par l’école. À la maternelle, les parents sont régulièrement invités à venir à l’école pour participer à des activités ou pour faire du bénévolat. Bloquer du temps pour ces activités est gagnant. En effet, cela permet de voir comment fonctionne l’enfant à l’école, de connaitre davantage le personnel qui intervient avec lui et de mieux comprendre la réalité scolaire.
  3. Saisir les occasions spontanées de communication. Ces occasions peuvent notamment se présenter dans la cour d’école ou en fin de journée. Elles permettent de tenir l’école informée de la situation de l’enfant à la maison et de vivre de brefs moments positifs avec le personnel scolaire.
  4. Prendre du temps à la maison pour continuer les interventions éducatives débutées à l’école. Poursuivre à la maison le travail commencé par le personnel scolaire est utile dans certains cas pour arrimer les visions et pour montrer à l’enfant la signifiance des interventions. Par exemple, il pourrait s’agir d’utiliser le même système de régulation d’un comportement à l’école et à la maison.

Des attitudes gagnantes à privilégier

Les parents peuvent entre autres privilégier les quatre attitudes suivantes pour favoriser une collaboration avec l’école :

  1. Faire preuve de compréhension. Le personnel en milieu scolaire porte une lourde charge de travail. Adopter une attitude d’indulgence et de compréhension de la réalité de l’autre aide à nourrir une relation positive. Notamment, le personnel scolaire apprécie quand les parents comprennent les limites de leur pouvoir professionnel.
  2. Faire preuve d’ouverture. Il est gagnant de se montrer ouvert lorsque le personnel scolaire suggère d’entamer des démarches pour obtenir des services spécialisés pour l’enfant (ex. : pour obtenir des services à l’extérieur du milieu scolaire). Cela peut être déroutant pour des parents d’apprendre que l’école recommande de se tourner vers des services spécialisés externes. Par contre, reconnaitre l’intérêt puis tolérer les initiatives de l’école en ce sens peut aider à la collaboration.
  3. Éviter de confronter le personnel scolaire. Il est possible que les visions de l’intervention et du développement de l’enfant du milieu scolaire soient différentes de celles des parents. Il est normal que l’accord ne soit pas toujours possible. Il est préférable de miser sur les points de convergence dans les visions (ex. : valeurs communes, stratégies partagées).
  4. Faire preuve de transparence. Il est gagnant de partagerhonnêtement avec l’école les inquiétudes et les insatisfactions concernant les suivis faits à propos des besoins particuliers de l’enfant. En partageant ouvertement leurs préoccupations, les parents aident l’école à mieux comprendre la réalité à la maison et cela peut aider à réorienter les interventions.

En conclusion

Les parents peuvent adopter plusieurs stratégies pour collaborer avec l’école lorsque leur enfant d’âge préscolaire présente des besoins considérés particuliers. Ce mandat spécifique de collaboration n’étant pas simple, tant l’école que la famille doivent faire leur part. En ce sens, les parents n’ont pas à mettre sur leurs épaules tout le poids de la collaboration avec l’école. Il est d’ailleurs important de faire preuve d’indulgence envers soi-même. Néanmoins, il demeure qu’une part de l’engagement leur revient puisqu’ils sont les premiers éducateurs de l’enfant. Lorsque cet engagement mutuel prend place grâce à des pratiques collaboratives, il devient possible d’être de réels partenaires pour le jeune enfant.  

À€ propos de l’autrice

Camille Robitaille est étudiante au doctorat en éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Elle détient une maitrise en fondements et environnements de l’éducation ainsi qu’un baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale. Ses intérêts de recherche portent principalement sur la collaboration école-famille-communauté, l’éducation préscolaire et les enfants présentant des besoins considérés particuliers. Elle fait partie de l’équipe de recherche REPI (Réussite éducative et pédagogie inclusive).

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