Les activités organisées, essentielles au développement positif à l’adolescence

a two girls using laptop with classmates

Les activités organisées favorisent le bien-être et la réussite scolaire des adolescent·e·s. Malgré leur importance, certains obstacles nuisent à la participation à ces activités. Dans cet article, les doctorantes en psychologie Daphné Blain et Nessa Ghassemi-Bakhtiari expliquent pourquoi les activités organisées sont si pertinentes à l’adolescence. Elles résument aussi la situation actuelle au Québec et elles partagent certaines astuces pour les parents.

Votre adolescent·e participe à une ligue de soccer, prend un cours de chant ou iel fait partie d’un groupe environnemental? Les chercheur·se·s appellent ces loisirs, et plusieurs autres, activités organisées.

Qu’est-ce qu’une activité organisée ?

Les chercheur·se·s donnent le nom d’activités « organisées » aux activités extracurriculaires offertes dans la communauté ou à l’école. Pour qu’on puisse les considérer ainsi, celles-ci doivent respecter quelques modalités. Elles impliquent notamment un grand degré de structure, la supervision d’un adulte responsable, la participation de pairs, ainsi que le respect d’un horaire et de règles définies.

Les adultes présent·e·s stimulent l’apprentissage de compétences des jeunes participant·e·s. Iels peuvent aussi former des relations sociales positives avec les jeunes et représentent ainsi souvent des modèles positifs. En effet, les processus de socialisation sont au cœur des activités organisées. Cela permet aux adolescent·e·s d’intérioriser des normes, des règles, des valeurs et des attitudes par le biais d’interactions avec leurs pairs et avec les adultes responsables. La majorité des adolescent·e·s participent à au moins une activité organisée au cours de leur secondaire. De plus, la plupart s’y engagent sur une base volontaire.

Pourquoi à l’adolescence ?

L’adolescence, généralement comprise entre les âges de 12 à 18 ans, est une période développementale extrêmement riche. En plus de la puberté, l’adolescence se distingue de l’enfance par le développement de l’identité et de l’autonomie d’un individu. Cette période est également marquée par des transitions importantes (p.ex., le passage entre le primaire et le secondaire), la prise de risques et l’expérimentation, ainsi que l’acquisition de capital social et de comportements prosociaux.

Les attitudes, les compétences et les connaissances qu’on développe à l’adolescence sont essentielles et nous permettent de devenir des individus pleinement autonomes et accomplie·e·s à l’âge adulte. Ainsi, les adolescent·e·s forment plus de liens avec des pairs et des adultes à l’extérieur de leur noyau familial, dans leurs milieux scolaires et communautaires. Ces personnes peuvent représenter des modèles positifs dans nos vies, en plus d’être des sources de soutien dans notre exploration identitaire.

Attention, le développement de l’autonomie et de l’indépendance à l’adolescence n’est pas synonyme d’une absence complète d’encadrement parental ! Les activités organisées peuvent alors représenter des terreaux fertiles favorisant le développement positif des ados dans des environnements ludiques et sécuritaires. On sait, par exemple, que la pratique d’activités organisées contribue au bien-être à l’adolescence, avec des effets persistants à l’âge adulte.

Les activités organisées semblent également favoriser la réussite scolaire et diminuer le décrochage au secondaire. Les résultats d’une étude réalisée au Québec indiquent même que la pratique d’activités organisées durant le secondaire prédit une augmentation des notes scolaires dans le temps. Il apparait donc essentiel de prioriser l’offre, l’accès et la disponibilité d’activités organisées comme facteurs de réussite et de développement positif chez les adolescent·e·s.

État de la situation au Québec

Au Québec, on rapporte que parmi les adolescent·e·s âgées de 14 à 17 ans, 32 % des adolescent·e·s participent à des sports individuels (p.ex., natation), 39 % à des sports d’équipe (p.ex., hockey), 46 % à des activités culturelles (p.ex., art dramatique) et 18 % à des activités prosociales (p.ex., scouts). Avant la pandémie, environ 35 % des élèves âgés de 12 à 17 ans rapportaient ne participer à aucune activité organisée.

En dépit de l’importance des activités organisées à l’adolescence, il existe quelques obstacles à leur pratique dans les écoles secondaires du Québec. Dans le cas des activités civiques ou prosociales, l’absence de connaissances sur leurs bienfaits représente un obstacle important. Des enjeux tel que le manque de reconnaissance des intervenant·e·s et le manque de ressources (temps, argent) sont également des obstacles non-négligeables à l’offre d’activités dans les écoles québécoises. Enfin, certains milieux scolaires ont recours à des mesures punitives tel que le retrait du « privilège » de participer à des activités organisées. Or, la pratique d’activités organisées offre le potentiel d’atténuer les difficultés comportementales, motivationnelles ou académiques de ces jeunes. Autrement dit, ces pratiques punitives négligent et vont à l’encontre des connaissances scientifiques sur le sujet.

La proportion élevée d’élèves qui ne participent pas aux activités organisées pourrait également être expliquée par le système d’éducation à trois vitesses du Québec. Celui-ci est composé d’écoles privées, de classes « régulières » dans les écoles publiques et de programmes particuliers offerts par le réseau public. Ce système inéquitable semble accentuer les disparités quant à l’offre et l’accessibilité des activités organisées pour chaque élève. En effet, certain·e·s adolescent·e·s, souvent plus performant·e·s à l’école et issu·e·s de milieux plus favorisés, ont généralement accès à davantage d’activités organisées au quotidien. L’offre inégale des activités organisées, combinée aux obstacles décrits plus haut, constituent selon nous des entraves à la réussite éducative et au développement positif de jeunes qui bénéficieraient probablement davantage de celles-ci.

Comme parent, qu’est-ce que je peux faire?

Il va sans dire que la pandémie a fragilisé les offres d’activités organisées dans les milieux scolaires et communautaires. La motivation des jeunes au secondaire a également diminué considérablement. Or, la reprise de la participation aux activités organisées est plus que jamais essentielle pour nos ados ! Comme parent, il est possible d’adopter des approches qui favorisent la motivation des adolescent·es envers la pratique d’activités organisées.

D’abord, encourager la participation aux activités organisées pour tou·te·s les adolescent·e·s. Cela ne devrait pas être une récompense à la réussite scolaire ou à un « bon » comportement. Au contraire, la pratique d’activités organisées contribuent au bien-être, au développement positif et à la réussite scolaire des adolescent·e·s. En réduisant une activité organisée à une simple récompense, on minimise son importance. On court aussi le risque de minimiser la motivation de notre enfant.

À ce titre, il est important de favoriser la motivation intrinsèque des adolescent·e·s à participer. Celle-ci fait référence au fait de participer pour son propre bien et pour le plaisir qu’on en retire. D’ailleurs, les adolescent·e·s qui sont motivé·e·s intrinsèquement à participer à leur activité organisée seraient plus susceptibles de poursuivre leur participation l’année suivante que celles et ceux étant peu motivé·e·s. Plutôt que d’imposer la pratique d’un sport ou d’une activité particulière, on peut alors accompagner nos jeunes dans la sélection d’une activité organisée de leur choix.

Finalement, la pratique d’une activité organisée ne devrait pas être réservée aux jeunes qui vivent dans des milieux favorisés. Il nous parait inacceptable que certain·e·s doivent travailler pour subvenir à leurs besoins de base, plutôt que de s’investir pleinement dans leur développement et leur cheminement scolaire.  On encourage les parents – et toute personne qui valorise la santé et le bien-être de la population – à exiger une offre diversifiée d’activités organisées accessibles pour tou·te·s les adolescent·e·s, peu importe leur réalité socioéconomique.

<strong>Daphné Blain</strong>
Daphné Blain

Daphné Blain est candidate au doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) au sein du Laboratoire d’études sur le développement social des enfants et des adolescents (LEDSEA). Elle est également affiliée au Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP). Ses travaux de recherche doctorale portent sur la contribution de la participation à différents types de sports sur l’adaptation psychosociale des enfants et des adolescent·es.

<strong><strong>Nessa Ghassemi-Bakhtiari</strong></strong>
Nessa Ghassemi-Bakhtiari

Nessa Ghassemi-Bakhtiari est étudiante au doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal au sein du Laboratoire d’études sur le développement social des enfants et des adolescents (LEDSEA). Elle est également affiliée au Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP) et au Laboratoire de recherche sur les émotions et les représentations (ELABORER). Elle s’intéresse à l’impact des changements climatiques sur le bien-être, le développement positif et l’engagement civique des adolescent·e·s. Sa recherche doctorale porte sur les déterminants de l’éco-anxiété à l’adolescence.

Laisser un commentaire