La santé physique et la santé mentale des mères

Bien des mères font face à des défis de santé, tant au niveau physique que psychologique.
Bien des mères font face à des défis de santé, tant au niveau physique que psychologique.

Nous prenons souvent pour acquis notre droit à un développement et à une vie en santé. Pourtant, il existe bien des disparités faisant en sorte que plusieurs mères n’ont pas accès à ce droit fondamental. En cette Fête des Mères, nous voulions mettre en lumière des données récentes sur la santé physique et la santé mentale des mères. En célébrant les mères cette année, prenons le temps de réfléchir sur les barrières les empêchant de s’épanouir.

Lorsque nous parlons de la santé des mères, nous parlons souvent de la santé mentale. Il s’agit là d’un élément très important à traiter. Avant de décrire la situation de la santé mentale des mères au temps de la COVID, nous tenions à aborder les disparités au niveau de la santé physique des mères.

Il existe des disparités importantes au niveau de la santé des mères

Nous oublions souvent que bien des mères risquent encore de mourir lorsqu’elles donnent naissance. En effet, le taux de mortalité des mères pendant l’accouchement sont plus élevés chez les mères Noires, Autochtones et Latina que chez les mères blanches. Au Canada, par exemple, les femmes Autochtones sont deux fois plus à risque de mort lors de l’accouchement que la population générale. Leurs bébés sont également plus à risque de mortalité infantile.

On parle donc ici d’un impact qui ne pourrait pas être plus important. En effet, on parle de femmes qui risquent leur vie pour devenir mères. L’historique de racisme systémique et de l’exploitation des femmes Noires et Autochtones auraient ainsi un impact encore aujourd’hui sur la santé des mères.

Afin de soutenir la santé de ces mères, il est primordial de mieux comprendre l’impact du racisme sur la santé. Heureusement, certains groupes de recherche font une priorité de mieux comprendre la santé des personnes Noires et Autochtones. Un exemple est notamment le groupe de recherche du Dr Jude Mary Cénat à l’Université d’Ottawa.

L’impact de la COVID sur la santé mentale des mères

La pandémie de la COVID a ajouté bien des défis aux parents. Par exemple, les parents ont eu à gérer l’école à la maison des enfants. De plus, les parents ne pouvaient pas faire garder leurs enfants par des proches ou des gardiens d’enfants. Ceci rendait la charge parentale d’autant plus lourde lors de la pandémie.

 Selon une étude canadienne réalisée auprès de près de 350 mères et 150 pères, les demandes parentales et domestiques accrues ont majoritairement été assumées par les mères. Les mères en ont ainsi eu plus sur leurs épaules au cours des derniers mois.

Est-ce que cette charge accrue a eu un impact sur la santé mentale des mères ? C’est exactement la question sur laquelle s’est penchée la Dre Nicole Racine dans une étude récente de 1300 mères canadiennes. Comparativement à avant la pandémie, ces mères démontraient plus de symptômes psychologiques entre mai et juillet 2020. Spécifiquement, il y a eu une augmentation de 16 % au niveau des symptômes dépressifs. Il y a également eu une augmentation de 13 % pour les symptômes d’anxiété.

L’augmentation des troubles de santé mentale n’a pas affecté toutes les mères de la même façon. En effet, parmi les mères particulièrement à risque étaient celles qui ont perdu leur emploi et celles qui avait de la difficulté à accéder à des services de garderie pour les enfants.

Il faut soutenir la santé des mères

Plusieurs études démontrent que la santé physique et psychologique des mères est critique afin de promouvoir le développement positif et l’épanouissement des enfants.

La Dre Nicole Racine et son équipe ont identifié 4 façons cruciales de soutenir la santé des mères.

  1. Accès à des services psychologiques : Il est important que les mères puissent bénéficier d’un accès accru à des services psychologiques abordables et accessibles. Par exemple, les rendez-vous via téléphone ou téléconférence peuvent réduire la difficulté d’accéder à de tels services.
  2. Soutien financier continu : La perte d’emploi ou de revenu est un stress important pour les familles. Il sera donc important d’avoir des plans de relance qui tiennent comptent des familles en les aidant financièrement.
  3. Partage des tâches parentales et domestiques avec les pères : Les pères assument un rôle plus important qu’avant dans la famille. Néanmoins, les mères assument encore la majorité des tâches parentales et domestiques. Par exemple, les mères canadiennes passent de 30 à 40 % plus de temps à faire des tâches parentales que les pères. Afin de réduire la charge mentale des mères, qui doivent gérer plus de tâches domestiques et parentales en plus d’un emploi, il est important que les pères continuent de s’impliquer davantage à la maison. En plus des choix individuels de chacun, il est important d’avoir des programmes de politique publique qui soutiennent des congés parentaux pour les deux parents.
  4. Accès à des soins de garderie et à une éducation qui sont abordables, stables et sécuritaires : La santé des mères était particulièrement à risque lors que les enfants ne pouvaient pas aller à l’école ou à la garderie. Il est important que les enfants aient accès à une éducation de qualité, et ce dès la garderie. Les efforts gouvernementaux en la matière, notamment avec le service de garderie à 10 $ par jour, seront salutaires à ce niveau.
À propos de l’autrice
À propos de l’autrice

Dre Audrey-Ann Deneault est une chercheuse en psychologie se spécialisant dans l’étude des familles et des relations interpersonnelles en contexte. Elle détient un doctorat en psychologie expérimentale de l’Université d’Ottawa. Elle est présentement chercheuse postdoctorale à l’Université de Calgary. Ses recherches sont financées par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et les Fonds de Recherche du Québec—Société et Culture. Audrey-Ann est également la fondatrice d’ÉducoFamille.

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