
On entend souvent parler de « coming out » aux parents ou d’une « sortie du placard ». À première vue, ça semble facile à comprendre, mais qu’est-ce que ça veut vraiment dire et pourquoi est-ce une étape qui peut être si importante pour mon enfant lesbienne, gai ou bisexuelle? Cet article, rédigé par Marie-Pierre Daigle, doctorante en psychologie clinique, permet de mieux comprendre les racines du coming out, ce à quoi il peut ressembler et ce que votre enfant pourrait ressentir à l’idée de faire un coming out.
Qu’est-ce que l’orientation sexuelle?
Une orientation sexuelle est une attirance émotionnelle, sexuelle et/ou romantique envers une personne du même sexe/genre, de deux sexes/genres ou plus, ou du sexe/genre opposé. Ainsi, on réfère à l’homosexualité ou aux personnes lesbiennes et gaies lorsqu’on est attiré·e envers une personne du même sexe/genre. On réfère à la bisexualité lorsqu’on est attiré·e par les personnes du même sexe/genre ainsi que d’un autre sexe/genre. Finalement, l’hétérosexualité est une attirance envers les personnes du sexe/genre opposé. Au Canada, on estime que 900 000 personnes âgées de 15 ans et plus s’identifient comme lesbiennes, gaies et bisexuelles.
Qu’est-ce que le coming out?
Le coming out consiste à révéler son homosexualité ou sa bisexualité à une autre personne dans une société où l’hétérosexualité est l’orientation sexuelle dominante. Dans cette société, quand les personnes LGB veulent exprimer leur orientation sexuelle ou leur relation de couple de même sexe, elles n’ont pas le choix de faire leur coming out. En effet, la société tient pour acquis qu’une personne est hétérosexuelle jusqu’à preuve du contraire. Par contraste, une personne hétérosexuelle n’a pas à faire son coming out car son orientation sexuelle est dominante et valorisée. Malheureusement, il y a donc un fardeau de révéler son orientation sexuelle quand on s’identifie comme LGB, mais pas quand on s’identifie comme hétérosexuel·le.
Pourquoi faire son coming out?
Être « dans le placard » ou cacher son orientation sexuelle peut être très difficile pour une personne LGB car elle doit cacher une partie de soi à ses proches par peur des répercussions. Cela peut même la rendre très anxieuse ou déprimée. En effet, il est important de se rappeler qu’une personne peut avoir caché son orientation sexuelle pendant très longtemps avant de le partager avec autrui. Bien que le coming out puisse être difficile, une personne LGB peut vouloir le faire pour différentes raisons. Par exemple, elle peut vouloir se libérer d’un fardeau et être transparente avec les gens qu’elle aime. Si elle est en relation, elle peut aussi simplement vouloir célébrer son amour pour son ou sa conjoint·e car elle vit une expérience positive et elle veut le partager aux personnes qui l’entourent.
Un coming out, ça ressemble à quoi?
Il existe autant de façons de faire un coming out qu’il existe de personnes LGB, car chaque expérience est unique. Cependant, certaines similarités existent. Par exemple, une personne a tendance à révéler son orientation sexuelle à ses ami·e·s en premier car elles·ils ont tendance à l’accepter davantage. Dans les cas où un·e ami·e ne l’accepterait pas et bien qu’il peut être très difficile de perdre un·e ami·e proche, cela est habituellement plus facile à vivre que le rejet d’un membre de la famille ou d’un·e collègue qui pourrait mettre son emploi en danger. De plus, si l’enfant vit toujours chez ses parents, sa sécurité physique ou psychologique peut être menacée selon la réaction des parents. Ainsi, le coming out est souvent calculé.
Un coming out aux parents peut être planifié ou spontané et peut être fait différemment si la personne est célibataire ou en couple ou selon les valeurs familiales perçues par l’enfant envers la diversité sexuelle. Voici des exemples de coming out :
- Durant un souper en tête à tête avec sa mère, Julie, fille de 50 ans de parents hétérosexuels, lui annonce qu’elle est bisexuelle car elle croit qu’elle réagira mieux que son père.
- Omar, 32 ans, mentionne à ses parents en sortant de la maison qu’il viendra accompagné de son copain Yves à la célébration d’Aïd-el-Fitr cette année.
- Félix, 18 ans, annonce qu’il est gai sur Facebook.
- Jérémy, 16 ans, publie sur Instagram une photo où il embrasse son copain.
- Brigitte, 20 ans, envoie un texto à ses parents leur annonçant qu’elle est lesbienne.
- Dominique, 37 ans, écrit une lettre à son père en lui expliquant ce qu’est un coming out, en lui exprimant ses peurs de sa réaction et ce dont iel a besoin.
- Sophie, 14 ans, appelle ses parents de sa chambre d’hôtel lors d’un tournoi de volleyball à l’extérieur de la ville.
Pourquoi le coming out de mon enfant peut-il être difficile?
Puisque l’hétérosexualité est l’orientation sexuelle dominante, les personnes LGB font face à un type d’oppression qu’on appelle l’homophobie ou l’homonégativité. L’homophobie est l’adoption de croyances, de pensées ou de comportements négatifs à propos des personnes homosexuelles ou de l’homosexualité.
L’homophobie est une conséquence des institutions homophobes qui constituent la société dans laquelle nous vivons actuellement. Ces institutions incluent, mais ne se limitent pas, aux religions, au système légal et au système médical. Par exemple, un système légal est homophobe lorsqu’il refuse aux couples de même sexe le mariage ou encore la procréation assistée. Une religion est homophobe lorsqu’elle croit que l’homosexualité est un péché. Quant à lui, le système médical a historiquement contribué à peindre une société homophobe par la médicalisation de l’homosexualité comme trouble mental jusqu’en 1973 en Amérique du Nord.
Ces institutions sont également hétéronormatives, c’est-à-dire qu’elles placent les relations sexuelles et les relations de couple entre hommes et femmes comme la norme et toute relation de même sexe est vue comme étant « différente » de cette norme. Tenant cela en tête, il peut être difficile pour une personne de faire son coming out dans une société où les personnes LGB ont été historiquement ou sont actuellement blessées par l’homophobie exercée par certains individus ou institutions. Ainsi, cette homophobie peut se retrouver à l’école de la personne LGB, à son lieu de travail , à son lieu de culte, au cabinet de son médecin ou encore au sein de sa propre famille. En effet, toute institution et toute personne peut être homophobe en raison de la société dans laquelle nous vivons.
Puisque nous vivons dans une société homophobe et hétéronormative, les personnes LGB peuvent craindre de révéler leur orientation sexuelle, et ce même si elles s’attendent à des réactions autant positives que négatives de la part de leurs proches. La recherche a démontré que le soutien d’un parent envers l’orientation sexuelle de son enfant LGB est le type de soutien le plus important. Ce soutien peut influencer positivement l’estime de soi de l’enfant. Il peut également diminuer les niveaux de dépression, d’abus de substance et d’idéations suicidaires (Doty et al., 2010; Ryan et al., 2010).
Pour avoir des stratégies sur la façon de réagir au coming out de son enfant, nous vous invitons à lire le deuxième article de cette série.
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