
L’adolescence est une période propice au développement de l’anxiété. En tant que parent ou proche, il est essentiel de savoir reconnaitre les signes d’anxiété afin d’orienter le jeune vers de l’aide adaptée. Dans cet article, la doctorante en psychologie Emma Février propose de distinguer le stress de l’anxiété, d’identifier les signes d’anxiété chez l’adolescent·e. Elle suggère aussi diverses stratégies pour prévenir, diminuer ou apprendre à gérer l’anxiété chez le jeune.
L’adolescence et ses défis
L’adolescence est une période où les jeunes rencontrent beaucoup de défis sur le plan développemental et apprennent de nouvelles compétences sociales et personnelles. De plus, pendant cette période, beaucoup de changements au niveau physiologique, hormonal, psychologique ou encore social se produisent. Toutes ces conditions peuvent rendre les adolescent·e·s particulièrement sensibles au développement de symptômes d’anxiété.
Plusieurs situations dans la vie d’un·e adolescent·e peuvent être stressantes, comme l’école, se faire des amis ou encore des tensions à la maison.
Le stress est une réaction physiologique normale de notre corps. En petite quantité, il peut même être utile pour nous motiver, par exemple. Lorsque notre cerveau détecte une situation stressante, il va produire des hormones de stress, comme le cortisol. Mais quand le stress devient chronique, notre cerveau produit de manière répétée des hormones de stress. Ceci va affaiblir notre capacité à distinguer des situations menaçantes des situations non menaçantes. Le cerveau peut alors se mettre à tout interpréter comme étant une menace. À long terme, une activation prolongée du système de réponse au stress augmente le risque de développer de l’anxiété.
Quelle est la différence entre le stress et l’anxiété ?
Le stress et l’anxiété sont tous deux des réponses émotionnelles et les termes sont souvent utilisés de manière interchangeable. Malgré qu’elles partagent certaines similitudes, il s’agit d’expériences bien distinctes. Savoir faire la différence entre les deux est primordial afin d’orienter le jeune vers des stratégies adéquates.
Le stress est généralement une réaction à un facteur externe, comme une situation ou un évènement spécifique (p.ex. un examen). Il est souvent de courte durée et disparait une fois la situation stressante résolue. L’anxiété elle, est considérée comme une préoccupation et des inquiétudes excessives au sujet de situations ou d’évènements futurs potentiels. Elle est plus persistante et survient même en l’absence de facteurs de stress identifiables.
Tout comme le stress, à petite dose, l’anxiété est nécessaire au bon développement de l’adolescence. En effet, elle lui permet de s’adapter à son environnement. Mais quand l’anxiété est présente sur le long terme, elle peut entrainer une détresse significative et perturber l’épanouissement, le bien-être et le fonctionnement quotidien du jeune. Cela peut également avoir un impact négatif sur sa performance scolaire ou sur ses relations amicales et familiales. C’est pour cette raison qu’il est important, pour un parent ou pour un proche d’adolescent·e, de reconnaitre les premiers signes de l’anxiété afin de l’accompagner et de le soutenir.
Reconnaitre les signes d’anxiété à l’adolescence
Voici quelques signes qui peuvent indiquer qu’un·e adolescent·e souffre de symptômes d’anxiété :
- Les changements dans le comportement : Par exemple, un jeune qui avait l’habitude de sortir souvent pour voir ses amis et s’isole soudainement. Ce type de changements soudains dans le comportement peut être un signe d’anxiété, car l’anxiété peut entraîner un retrait social ainsi qu’un changement dans les habitudes.
- Les problèmes de sommeil : Le jeune peut, par exemple, avoir de la difficulté à s’endormir, faire des cauchemars, dormir très peu ou, au contraire, dormir beaucoup. Des changements dans les habitudes et dans la qualité du sommeil peuvent potentiellement indiquer la présence d’anxiété.
- Les problèmes de comportement alimentaire : L’anxiété peut avoir un impact sur le comportement alimentaire du jeune. Certains jeunes peuvent perdre du poids de manière significative ou refuser de manger. D’autres jeunes, au contraire, peuvent prendre du poids en tentant de réguler leurs émotions par la nourriture.
- Irritabilité et colère : Les adolescent·e·s souffrant d’anxiété peuvent être particulièrement intolérants à la frustration ou réagir de manière excessive à certaines situations d’apparence mineure.
- Inquiétudes excessives et fréquentes : L’anxiété peut se traduire par la présence d’inquiétudes excessives. Par exemple, un jeune qui se pose beaucoup de questions de type « et si…? », ou qui se fait fréquemment du souci pour son avenir, pour la santé de ses proches ou encore pour des évènements mineurs à venir peut indiquer la présence d’anxiété.
- Comportements d’évitement : Les adolescent·e·s souffrant d’anxiété peuvent éviter certaines situations, lieux ou évènements qu’ils craignent (p.ex. éviter d’aller dormir chez des amis).
Par ailleurs, l’anxiété peut se traduire par des symptômes physiques , comme :
- Des maux de ventre ou des douleurs abdominales ;
- Des maux de tête ou migraines ;
- Des nausées ;
- Une sensation de « boule » dans la gorge.
Si un jeune se plains fréquemment de l’un ou de plusieurs de ces symptômes physiques ou si cela l’amène à manquer l’école à plusieurs reprises, cela peut être un signe qu’il·elle souffre d’anxiété.
Il est important de noter que la présence de certains de ces signes ne signifie pas nécessairement que le jeune souffre d’anxiété ou d’un trouble anxieux. Cependant, si ces signes persistent et ont un impact négatif sur la vie du jeune ou si cela représente un changement dans son comportement habituel, alors cela pourrait indiquer qu’il·elle fait face à de l’anxiété.
Stratégies de gestion de l’anxiété à l’adolescence
Il existe certaines stratégies permettant de prévenir la survenue de symptômes anxieux ou d’aider le jeune à mieux gérer son anxiété. Voici certaines approches qui peuvent être aidantes :
- Faire de l’activité physique : Plusieurs études ont démontré que l’activité physique avait un impact positif sur la santé mentale de manière générale. Cela permettait de sécréter des neurotransmetteurs, dont ceux impliqués dans la régulation de l’humeur et dans la gestion du stress et de l’anxiété.
- Apprendre à respirer pour se calmer : Une technique très efficace pour diminuer le niveau d’anxiété et se détendre est la respiration. Il existe plusieurs techniques de respiration efficaces pour diminuer l’anxiété, telles que la cohérence cardiaque ou la respiration diaphragmatique.
- Encourager le jeune à écrire pour s’exprimer : Des études montrent que le fait de s’exprimer à travers l’écriture permet de diminuer la détresse psychologique et d’améliorer le bien-être.
- Faire attention à ce que le jeune dorme suffisamment : Selon les experts, les adolescent·e·s auraient besoin de 8 à 10 heures de sommeil par nuit. En tant que parent ou proche d’un·e adolescent·e, cela peut passer par l’instauration d’une routine de sommeil ou par la coupure des écrans au moins une heure avant le coucher.
- Faire des activités extérieures : Certaines recherches ont mis en évidence que le fait de passer du temps à l’extérieur ou dans la nature permettait de diminuer le stress et l’anxiété.
- Pratiquer la pleine conscience : Une étude a démontré que les jeunes qui avaient appris à pratiquer la pleine conscience éprouvaient moins de détresse psychologique que les jeunes qui n’avaient pas appris.
- Échanger avec le jeune et valider les émotions : Il est primordial pour les parents et les proches d’un·e adolescent·e à l’encourager à partager ses émotions en validant ses ressentis et en faisant preuve de patience et d’empathie.
- Développer un vocabulaire émotionnel : Il peut parfois être difficile pour les jeunes de mettre des mots sur leurs émotions. Les aider à développer un vocabulaire émotionnel (par exemple grâce à l’utilisation d’une liste d’émotions) peut les aider à mieux exprimer ce qu’ils ressentent.
Conclusion
En conclusion, l’adolescence est une période propice au développement de l’anxiété, ce qui peut affecter le jeune de diverses manières. En tant que parent ou proche d’adolescent·e, il est essentiel de reconnaître les premiers signes d’anxiété afin de mettre en place des stratégies pour les soutenir et pour améliorer leurs compétences en gestion du stress et de l’anxiété. Grâce aux nouvelles technologies, Il est désormais possible de trouver de nombreuses ressources pour la gestion de l’anxiété. Par exemple, des forums de discussion pour les jeunes comme celui de Tel Jeunes ou des applications mobiles comme RespiRelax ou MindShift. Enfin, si l’anxiété provoque une détresse ou une souffrance significative chez le jeune, il est primordial de consulter un professionnel de la santé.
À propos de l’autrice

Emma Février est étudiante au doctorat en psychologie dans la section cognitive et comportementale à l’UQAM. Elle est interne en psychologie à la clinique Equilib du vieux Beloeil et elle travaille également en tant qu’auxiliaire de recherche dans le laboratoire du professeur Mathieu Goyette à l’UQAM. Dans le cadre de sa thèse, elle s’intéresse à la consommation de cannabis chez les adolescents. Son objectif est d’explorer comment les nouvelles technologies peuvent être mises au service des jeunes dans le processus de changement lié à la consommation de cannabis.